Africapolis: "L'Afrique ne connaît pas un exode rural massif"
Bien que le taux de croissance de la population urbaine africaine soit l’un des plus forts du monde, le continent ne connait pas un exode rural massif, contrairement aux idées reçues. C’est ce que nous révèle la base de données Africapolis. Détails.
Si en Europe c’est l’exode rural qui est venu nourrir la croissance des villes, en Afrique c’est au contraire la faiblesse de cet exode rural couplé à une forte croissance démographique qui entraîne la naissance de villes nouvelles dans les campagnes. Comme le rapporte la base de données Africapolis récemment publiée par le Club du Sahel et l’OCDE qui a analysé les caractéristiques des flux migratoires africains et la complexité des liens entre migrations et développement.
Une explosion urbaine
Avec un taux de croissance urbaine de 4 % par an en moyenne (entre 1960 et 2010), la population urbaine africaine est l’une des plus denses du monde.
La population urbaine du continent noir a en effet été multipliée par deux en 20 ans et devrait encore doubler d’ici 2040 pour atteindre 1 milliard d’individus. L’Afrique sera alors à majorité urbaine, un cap franchi par la Chine en 2011 et par la France près d’un siècle auparavant.
Le nombre de grandes métropoles a été multiplié par 10 entre 1970 et 2015 : le nombre des villes de plus d’un million d’habitants est passé de 4 à 41.
Urbanisation des campagnes
Pourtant, l’urbanisation africaine se réalise aujourd’hui principalement dans les campagnes et dans les villes petites et moyennes.
Ainsi, dans 22 pays d’Afrique, les deux tiers de la croissance urbaine sont alimentés par les naissances d’enfants de citadins, et non pas par des migrations des campagnes vers les villes. Entre 2010 et 2014, l’indice de fécondité en ville était supérieur à 5 enfants par femme au Mali, au Niger, au Nigeria, en République démocratique du Congo et au Burundi.
En fait, la population des villages augmente tellement vite qu’ils se transforment en villes. Faute de planification urbaine, les villes s’étalent et prennent le plus souvent la forme de bidonvilles où vivent plus de 60 % de la population urbaine africaine.
C’est pourquoi la population des bidonvilles africains a plus que doublé entre 1990 et 2014, passant de 200 millions à 456 millions d’habitants.
Dans certains pays, la population rurale a même augmenté plus rapidement que la population urbaine entre 1990 et 2010 (Égypte, Liberia, Maurice, Zambie, Eswatini), poursuit la même source.
Création de villes nouvelles
Les données d’Africapolis évoquent également la création de villes nouvelles en périphéries des grandes métropoles sur le continent africain.
Le pays précurseur pour les villes nouvelles modernes est l’Égypte. 22 cités ont été construites entre 1977 et 2000. Le Maroc a également lancé la planification d’une dizaine de villes nouvelles au début des années 2000, destinées aux classes populaires et moyennes.
En Algérie, les revenus pétroliers et la construction à bas coût d’entreprises chinoises ont permis de construire d’immenses villes nouvelles.
Mais malheureusement, ces villes nouvelles n’attirent pas grand monde. Elles se trouvent loin du centre de la ville, du lieu de travail et sont mal desservies.