Kenya, la nouvelle autoroute de l’héroïne
Les trafiquants ont transformé les ports de la côte est-africaine tels que Mombasa en hub de transir transit de l’héroïne vers l’Europe et les États-Unis. En parallèle, la population locale enregistre des taux d’addiction trop alarmants.
Depuis 2010, Mombasa, deuxième ville du Kenya et premier port africain sur l’océan Indien s’est imposée comme la nouvelle route commerciale du trafic de l’héroïne vers l’Europe. Le pays dispose de larges côtes très mal surveillées, offre des possibilités aux trafiquants d’échapper aux radars.
Historiquement, l’héroïne sortie clandestinement de l’Afghanistan via le Pakistan ou l’Iran transitait par la Turquie et les Balkans avant d’atterrir en Europe occidentale où elle est monnayée à prix fort. Or, depuis le début de la guerre en Syrie et la déstabilisation des frontières de la Turquie avec l’Irak, les trafiquants ont changé de manière de procéder pour se rabattre sur les côtes de l’Afrique de l’Est.
Selon des témoignages publiés dans les médias, des petits bateaux appartenant à des Kenyans naviguent en haute pour aller chercher la marchandise transportée par des bateaux pakistanais (dhows).
Ainsi, le Kenya est devenu le hub de cet opiacé qui une fois arrivée à Mombasa par la mer, plusieurs possibilités s’offrent aux trafiquants. Selon plusieurs médias, la marchandise peut prendre directement un avion pour l’Europe ou Dubaï, transportée à Nairobi, la capitale, pour être expédiée à l’étranger, ou encore partir vers l’Afrique du Sud ou l’Afrique de l’Ouest afin d’emprunter une route encore plus opaque.
Un terrible coût social
Le transite de l’opiacé par le Kenya a fait exploser sa consommation par les locaux. En effet, selon France 24, à Mombasa, 3,5 % de la population aurait déjà essayé l’héroïne, et on y estime entre 2 500 et 5 000 le nombre des usagers fréquents. Pour ne rien arranger, l’usage de cette drogue pose un véritable problème de santé publique en raison de l’augmentation du nombre d’usagers contractent le sida ou l’hépatite C par manque de précautions.
Selon le portail kenyan thestar.co.ke, les toxicomanes deviennent également marginalisés dans leurs communautés. À Mombasa, certaines personnes accusées de consommation de drogues ont été lapidées, brûlées ou assassinées lors d’attaques populaires.
Le problème croissant de la drogue a également entamé l’image d’une région mieux connue comme destination touristique pour son soleil et ses plages.