Bénin: deux journalistes brisent l’omerta autour du harcèlement sexuel au sein de l’ORTB

« J’en avais marre. J’en avais ras-le-bol. D’année en année, j’ai subi le harcèlement, mais cette fois-là, c’en était trop. J’ai cherché de l’aide partout dans mon environnement professionnel et je n’en ai pas eue », confie Angéla Kpeidja, journaliste à l’ORTB, la télévision nationale du Bénin, dans une interview à l’AFP.

 

Le 1er mai de cette année, Angela Kpeidja avait dénoncé des actes de harcèlement sexuel dans son milieu de travail. Ces actes, selon ses dires, seraient posés par des responsables à différentes échelles. Dans la foulée, le Secrétaire de Rédaction de la Télévision nationale est limogé sans expliquer s’il est l’auteur desdits actes de harcèlement.

Rapidement, les déclarations d’Angela Kpeidja deviennent une affaire d’Etat, puisque le Président Patrice Talent s’est réuni, le 5 mai, avec le personnel de l’ORTB pour comprendre l’ampleur de ce qui se passé au sein de la chaîne nationale.

 

 

Le #prbenin #patricetalon a tenu ce jour une séance de travail avec les cadres de @ortb_info au sujet de la dénonciation de Mme Angéla KPEIDJA.#wasexo #teambenin pic.twitter.com/N1IoQDbZG9

— Gouvernement du Bénin 🇧🇯 (@gouvbenin) May 5, 2020

 

Rebondissant sur l’affaire, Priscile Kpogbemabou, ancienne journaliste de la chaîne de télévision privée Etélé, lui a emboîté le pas en dénonçant dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, les pratiques des patrons de presse à l’égard des femmes.

Une semaine après cette dénonciation , Angéla Kpeidja garde un air quelque peu abattu et le visage fatigué.

« Je savais qu’il y aurait des voix pour dire des choses sur ma personne, mais je me suis dit, il faut que cela cesse », confie-t-elle, « je n’avais plus rien à perdre ».

« Pourquoi voudrait-on, à diplôme égal, que la femme couche avec son supérieur hiérarchique avant de travailler ou de connaître une promotion ? Il faut dire non », s’insurge-t-elle.