Algérie: Un projet de constitutionnalisation des interventions militaires à l’étranger
La mouture de l’avant-projet de révision de la Constitution, dévoilée jeudi par la présidence de la République en Algérie, comprend une série de propositions, dont la constitutionnalisation de l’intervention de l’Armée nationale populaire (ANP) hors des frontières du pays.
Dans un chapitre intitulé « Propositions hors axes », l’avant-projet de révision de la Constitution divulgué le 7 mai, stipule que « le président de la République pourrait envoyer des unités de l’armée à l’étranger après vote de la majorité du Parlement par les deux tiers de ses membres ».
Des interventions qui seraient limitées aux opérations de maintien et de restauration de la paix sous mandat de l’ONU, de l’Union africaine ou de la Ligue arabe.
Dans une déclaration au quotidien français Le Figaro du 13 mai, Abdelkader Abderrahmane, chercheur en géopolitique et consultant international sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, interprète cette décision comme un « important changement de paradigme géostratégique dans la région ». Et d’Ajouter : « Une telle décision devrait en effet donner plus de poids diplomatique à Alger, ce qui aura pour conséquence de nuire à la politique régionale de Paris et de ses alliés tels que le Maroc. »
A en croire le Figaro, le retour dans la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE) du général-major Mohammed Bouzit, écarté auparavant par Saïd Bouteflika, serait un signe d’une diplomatie algérienne plus offensive.
Or, reste à savoir comment l’Algérie poussera son armée sur les territoires Libyen et Malien tout en évitant de prendre directement ses ordres de Paris. « Non, en tout cas, pas à la demande de la France », souligne Akram Kharief, journaliste et fondateur du site Menadefense.
« Il faudrait que ce soit en soutien à l’armée malienne, à la demande de Bamako. Mais Paris pourrait très bien être à l’origine de cette demande », souligne-t-il.
« Il faudrait que Fayez al-Sarraj, chef du Gouvernement d’union nationale (GNA) à Tripoli – et non pas le maréchal Haftar, non reconnu par la communauté internationale –, sollicite officiellement l’aide d’Alger. Ce qui exclut donc les frappes sporadiques pour viser des terroristes qui traversent la frontière de l’Algérie vers la Libye, précise Akram Kharief, en évoquant des opérations secrètes algériennes dans le désert libyen. Le droit de poursuite n’est, de toute manière, pas inscrit dans le droit international, il n’est permis que par la marine. »
« Cet amendement de la Constitution s’il venait à être approuvé, permettrait d’enlever le flou artistique entretenu depuis deux décennies sur une supposée doctrine non-interventionniste de l’armée algérienne qui n’a jamais existé mais dont l’idée a été entretenue à des fins politiques compréhensibles », analyse le site Menadefense.