Covid-19: le plan de la Royal Air Maroc pour sortir de la crise
Dans une lettre adressée au personnel de la Royal Air Maroc, le président-directeur général de la Compagnie, Abdelhamid Addou, dépeint un tableau peu reluisant de la situation économique de la compagnie aérienne dans le contexte du Covid-19 et fait part aux collaborateurs des actions déployées afin de sauver l’entreprise.
La fermeture des frontières et la suspension des liaisons aériennes ont plombé les activités du transport de passagers, des hôtels et des agences de voyage.
Le trafic aérien mondial a enregistré en mars la plus forte baisse de son histoire récente avec une chute de 52,9% par rapport à la même période en 2019, selon l’Association internationale du transport aérien (Iata).
Fin avril, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a estimé que la pandémie pourrait réduire de 1,5 milliard le nombre de passagers dans le ciel cette année.
Chez la Royal Air Maroc, les conséquences économiques du Covid-19 ont été catastrophiiques pour la compagnie aérienne. Le trafic a baissé respectivement de 60% en mars et 100% en Avril, par rapport à l’année dernière.
Dans un courrier adressé aux collaborateurs de la RAM, le Président directeur général Abdelhamid Addou dresse un tableau noir de la situation de la compagnie. « Nous traversons la pire crise de notre histoire, une crise mondiale d’une magnitude jamais connue par notre génération, bien plus violente que 2001 ou 2009. Celle-ci sera longue, douloureuse et appellera chacun de nous à faire preuve de discernement et d’abnégation pour privilégier l’intérêt commun et la préservation des emplois, aux considérations court-termiste. », s’est confié A. Addou.
Graves retombées du Covid-19
Après avoir félicité les collaborateurs de la RAM pour les efforts fournis depuis le début de la crise, M. Addou a fait part des résultats du plan d’austérité drastique adopté, qui a pour but de garantir la pérennité des emplois sur le court terme. « Grâce à ce plan, nous avons maintenu les fondamentaux de la compagnie, reporté des dépenses non essentielles, renégocié des contrats et des délais de paiement… Cela nous a permis de respecter nos engagements sur mars, avril et mai. Juin nécessitera néanmoins un apport important en termes de cash-flow. A l’instar de beaucoup de compagnies aériennes, nous pourrons lever de la dette garantie par l’Etat, pour faire face aux engagements du mois de Juin », explique le PDG.
Cependant, l’impact de la fermeture du territoire national a été violent sur l’ensemble du réseau, souligne le patron de la RAM. « Pour notre compagnie, la fermeture a concerné très rapidement l’ensemble du réseau, l’impact sur le trafic a été violent avec une baisse respective de 60% en mars et 100% en Avril, par rapport à l’année dernière, après une forte croissance à deux chiffres, entre Novembre et Février. Les pertes en chiffre d’affaires s’élèvent à 50 millions de dirhams par jour. »
Reprise sur une période minimale de 36 mois
A ce stade de la crise, la Royal Air Maroc compte prendre d’autres dispositions pour reprendre du poil de la bête. Au vu de la conjoncture actuelle et de son impact, la reprise se fera dans la durée, sur une période minimale de 36 mois, avant de retrouver un réseau comparable à 2019, indique la lettre. « Cette reprise nécessitera un plan clair, basé sur les prévisions publiées par IATA ainsi que les cabinets de conseils mondiaux. Ceux-ci évaluent la demande sur les prochaines années sur la base d’hypothèses diverses, faute de visibilité concrète », précise le patron.
Un soutien matériel sera nécessaire à la RAM pour redémarrer son activité. « Les discussions sont en cours avec l’Etat, depuis le début de la crise. Nous travaillons étroitement avec plusieurs membres du gouvernement, afin de préparer une ébauche de plan de reprise à même de garantir la pérennité de notre entreprise à long terme », fait part M. Addou.
« Une direction sera validée par les actionnaires, à même de nous garantir leur soutien. Par la suite, nous mettrons en place des réunions de partage et de concertation avec les partenaires sociaux afin de finaliser au mieux le plan de reprise dans l’intérêt de nos employés et de notre entreprise, au service de notre pays. Nous chercherons à préserver au maximum l’emploi tout en garantissant la pérennité financière de la compagnie, et cela dans un environnement concurrentiel des plus agressifs, entre low costs européennes et compagnies aériennes africaines, face à une demande en fort repli », conclut A. Addou dans la lettre.