Gorée, île symbole de l’esclavage, rebaptise une place contre le racisme
Gorée, île symbole de la traite négrière au large de Dakar, a décidé de rebaptiser sa place de l’Europe en place de la Liberté, face à la persistance des actes racistes dans le monde, a-t-on appris dimanche auprès de la municipalité.
Le conseil municipal de cette île, lieu de mémoire du commerce d’esclaves au départ des côtes africaines, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco comme « symbole de l’exploitation humaine », a adopté samedi à l’unanimité une délibération pour renommer cette place « Place de la Liberté et de la Dignité humaine », indique le maire Augustin Senghor dans un communiqué.
Cette décision n’est pas dirigée contre l’Europe, « loin de là », a dit à l’AFP le chef de cabinet du maire, Mamadu Adama Diop. L’Union européenne « a toujours soutenu Gorée » et « il y des Européens de double nationalité au conseil municipal », a-t-il fait valoir.
Il s’agit d’une réponse à « la vague de violence raciale dont la communauté noire et afrodescendante est régulièrement victime » et dont la mort aux Etats-Unis de George Floyd, Américain noir asphyxié par un policier blanc durant son arrestation, est un exemple, dit le communiqué du maire.
Gorée se veut à « l’avant-garde du combat pour l’éradication totale et dé?nitive de toutes les formes de racisme, particulièrement celles dirigées contre les personnes de race noire, conformément à sa vocation de lieu de mémoire », ajoute-t-il.
La place de l’Europe a été inaugurée en 2003 par le maire M. Senghor et par le président de la Commission européenne de l’époque, Romano Prodi. En 2018 cependant, une nouvelle inauguration de la place après un réaménagement co-financé par l’Union européenne avait donné lieu à de vives protestations sur les réseaux sociaux en raison de la part prise par les pays européens à la traite négrière.