Mali: Qui est Mahmoud Dicko, l’imam devenu opposant

Portrait. Ancien allié du président Ibrahim Boubacar Keïta, l’imam Mahmoud Dicko est au cœur des manœuvres visant à faire vaciller le pouvoir. Qui est ce tout-puissant chef religieux ?

 

Depuis juin dernier, c’est le Mouvement 5 juin (M5-RFP) appelle aux manifestations qui réclament de profonds changements dans les institutions du pays, voire le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta, réélu en 2018.

 

A y voire de plus près, le M5-RFP est un magma de contestataires composé d’homme politiques, des militants anticorruptions, de figures issues de la société civile et des religieux. Parmi ces derniers, un sexagénaire attire les projecteurs : Mahmoud Dicko.

Originaire de Tombouctou, dans le nord du pays, cet ancien professeur d’arabe devient imam en 1980. La même année, il est nommé Secrétaire général de l’Association Malienne pour l’Unité et le Progrès de l’Islam (Amupi), une entité dont le but est d’œuvrer pour le renforcement de l’unité des musulmans au Mali, où ils représentent environ 90% de la population. L’Amupi finance les constructions de mosquées et d’écoles coraniques.

Lors du renversement du président Moussa Traoré, au pouvoir depuis 1968, il sera le porte-parole des leaders religieux du Mali lors de la conférence nationale tenue en 1991. Rapidement, il gagné en notoriété auprès des Maliens, ce qui lui ouvre la porte pour diriger le Haut Conseil islamique malien, l’instance représentative des mosquées et associations musulmanes auprès des autorités.

 

En 2009, Mahmoud Dicko s’aventure pour la première fois sur le terrain politique en bataillant avec succès contre une réforme du code de la famille, qui aurait accordé davantage de droits aux femmes.

 

 

« Je ne réclame pas d’un islam rigoriste ou wahhabite. Je me réclame de l’islam », a-t-il répondu à ses détracteurs dans une interview accordée à la chaîne France24 en janvier 2016. Pourtant, l’imam Dicko est accusé d’être le porte-drapeau d’un islam inspiré de l’Arabie Saoudite, dont il a fréquenté les écoles coraniques.

 

Paradoxalement, il a toujours martelé son désir de vivre en paix dans une « république malienne laïque et démocratique où toutes les confessions ont le droit au chapitre ». Enfin, Mahmoud Dicko a toujours prôné la négociation avec les groupes armés, y compris djihadistes.