Le Mozambique bascule dans le terrorisme islamiste

Après trois ans de conflits à basse tension, une rébellion d’inspiration islamiste est en cours de déstabilisation du nord du Mozambique. Une région reculée et délaissée par le gouvernement central, malgré les immenses gisements gaziers exploités par Total.

 

Il s’appellent Al-Shabab et ils sont en train d’embraser le nord du Mozambique à majorité musulmane. Ce groupuscule islamiste qu’on dit affilié à l’Etat islamique, mais qui n’a aucun lien avec le groupe jihadiste somalien du même nom, sévit dans le pays depuis 2017.

A en croire le chercheur Salvador Forquilha, directeur du Institute of Social and Economic Studies à Maputo, ce groupuscule est né d’une dynamique locale avant d’être récupéré par l’Etat islamique qui a revendiqué plusieurs prises d’otages et actes de violences.

 

Des propos confirmés par le patron du commandement des opérations spéciales des États-Unis en Afrique (AFRICOM), le général de division Dagvin Anderson qui a déclaré : « Nous les avons vus au cours des 12 à 18 derniers mois développer leurs capacités, devenir plus agressifs et utiliser des techniques et des procédures qui sont communes dans d’autres parties du monde – au Moyen-Orient – et qui sont associées à l’État islamique ».

Le responsable américain a confirmé que le groupe reçoit un soutien extérieur sans pour autant en préciser la source. Les autorités mozambicaines indiquent que les islamistes pourraient entre autres financer leurs activités avec des armes issues du trafic de drogue et de l’exploitation illégale des mines de pierre précieuses abondante dans le nord du pays.

 

 

Gaz et kalachnikovs

 

Les attaques dans cette région ont déjà fait au moins 1300 morts, selon l’ONG The Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED). En mai dernier, l’ONU a estimé le nombre des déplacés dus à ces attaques à au moins 210 000.

 

En août, Al-Shabab ont lancé une grande offensive et ont rapidement pris la ville portuaire de Mocimboa da Praia (province de Cabo Delgado), forçant les troupes de l’armée mozambicaine à s’enfuir.

 

Cette zone de turbulence du nord du pays constitue un véritable terreau pour le terrorisme. Et pour cause, d’importantes réserves sous-marine de gaz ont été découvertes au large de la province du Cabo Delgado, à la frontière avec la Tanzanie.

De quoi aiguiser les appétits des groupuscules terroristes dans cette région parmi les plus pauvres du pays.

 

Le groupe français Total qui compte investir 23 milliards de dollars dans un projet gazier, a annoncé, le 24 août, avoir signé avec le Mozambique un accord destiné à protéger les installations de son mégaprojet agité par les attaques jihadistes.