Algérie: le journal El Watan sanctionné pour une enquête sur les enfants de Gaïd Salah
Le quotidien francophone algérien El Watan a été privé de publicité publique après un article sur la fortune des enfants de l’ex-chef d’état-major de l’armée, a-t-on appris jeudi auprès de son directeur de publication.
El Watan, un des titres les plus réputés de la presse algérienne, avait consacré lundi sa une à un article sur les investissements des enfants du général Ahmed Gaïd Salah, ancien chef d’état-major décédé le 23 décembre 2019, qui auraient « amassé une fortune colossale ».
Frappés d’interdiction de sortie du territoire algérien, deux des fils de l’ancien homme fort du pays, font l’objet d’une « enquête judiciaire », selon le quotidien.
« Je confirme que le journal a été privé de publicité publique après la publication de cet article », a déclaré à l’AFP le directeur du journal, Tayeb Belghiche.
« C’est comme à l’époque de Saïd et Abdelaziz Bouteflika (l’ex-président déchu et son frère Saïd). Ce sont des pressions et des chantages intolérables », a-t-il dénoncé.
Cette sanction survient dans un climat général de répression à l’encontre de journalistes –dont certains sont en prison, tels Khaled Drareni et Abdelkrim Zeghileche–, de blogueurs et de militants du mouvement populaire antirégime « Hirak ».
Plusieurs médias sur internet, comme L’Avant-Garde Algérie, sont actuellement bloqués sur le territoire algérien.
El Watan a affirmé mardi dans un communiqué que son enquête intitulée « Les détails d’une fortune à l’ombre du général » avait provoqué une « réaction inattendue ».
« Certains en +haut lieu+ nous ont reproché d’avoir mis en première page la photo de Gaïd Salah avec un titre tendancieux qui porte atteinte à l’image » de l’armée, a indiqué le journal, se défendant d’avoir visé l’institution militaire.