CPI: Soutien de l’UE après les sanctions américaines contre Fatou Bensouda
L’Union européenne « se tient au côté » de la Cour pénale internationale (CPI) après l’annonce de sanctions américaines inédites contre la procureure de l’institution Fatou Bensouda, a déclaré jeudi un porte-parole de la Commission, assurant que Bruxelles avait exprimé son désaccord à Washington.
« L’UE est fermement opposée à toutes les tentatives de saper le système international de justice pénale en entravant la tâche de ses principales institutions », a réagi ce porte-parole, Peter Stano, lors d’un point presse quotidien.
« Nous continuons d’assister à travers le monde à des crimes contre l’humanité, qui continuent d’être perpétrés. Il est absolument nécessaire que justice soit faite au niveau international (…) La CPI est l’un des acteurs clefs pour lutter contre l’impunité, nous nous tenons au côté de la Cour et ne sommes pas contents des mesures prises contre ses activités », a-t-il martelé.
L’administration du président Donald Trump a mis mercredi sa menace à exécution contre l’une des bêtes noires des conservateurs américains en imposant des sanctions économiques inédites à la procureure de la CPI, une institution siégeant à La Haye, créée en 2002 pour juger les pires atrocités commises dans le monde.
« L’Union européenne rejette de façon générale l’extraterritorialité de sanctions prises par des pays tiers. Donc, bien entendu, nous n’approuvons pas ces mesures (…) Notre représentation à Washington a déjà communiqué nos inquiétudes », a souligné M. Stano.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé mardi l’inscription sur la liste noire des Etats-Unis de la procureure Fatou Bensouda et de Phakiso Mochochoko, directeur de la division de la compétence, de la complémentarité et de la coopération de la juridiction qui siège à La Haye.
Leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis seront gelés et l’accès au système financier américain leur est barré.
La CPI avait pris la décision en mars d’autoriser l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Afghanistan, et l’enquête souhaitée par la procureure Bensouda vise notamment des exactions qui auraient été commises par des soldats américains en Afghanistan. Des allégations de torture ont également été formulées à l’encontre de la CIA.
« Je rejette fermement ces mesures sans précédent et inacceptables contre une organisation internationale fondée sur des traités », avait réagi mardi le président de l’assemblée des Etats parties de la Cour, le juge O-Gon Kwon.