Ethiopie:l’opposition s’attend à perdre les élections régionales au Tigré
Les leaders de l’opposition dans la région éthiopienne du Tigré ont concédé jeudi qu’ils auraient peu de chance d’obtenir un résultat significatif dans l’élection régionale en cours, considérée comme illégale par le gouvernement du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.
Le parti au pouvoir au Tigré (nord), le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), qui accuse le Premier ministre et lauréat du prix Nobel de la Paix 2019 de piétiner les institutions en restant au pouvoir, présente l’élection régionale de mercredi comme une preuve de sa propre rigueur démocratique.
Mais, tandis que les bulletins sont en cours de dépouillement, il n’est pas évident que les partis d’opposition parviennent à gagner des sièges au Parlement régional – appelé Conseil de l’État – face à un TPLF, qui domine la politique tigréenne depuis des décennies.
« Je suis inquiet que nous finissions avec 100% (des sièges) au TPLF, mais attendons de voir », a déclaré Girmay Berhe, chef du Parti pour l’indépendance du Tigré.
« Je ne vois pas de changement significatif dans la culture politique. Le TPLF va dominer le Conseil et obtiendra probablement 98 ou 99% des sièges », estime de son côté Hayalu Godefay, président d’un autre parti d’opposition, le Salsay Woyane Tigray.
L’Éthiopie devait tenir des élections au niveau national en août. Mais en mars, la Commission électorale les a repoussées sine die en raison de la situation sanitaire liée au nouveau coronavirus.
La prolongation, votée par le Parlement fédéral, du mandat des députés nationaux et régionaux, qui devait expirer en octobre, a été rejetée par les leaders tigréens. Ceux-ci ont décidé de tenir unilatéralement des élections.
Cette décision a provoqué le courroux de l’État fédéral qui estime le scrutin « sans base légale » et « nul et non avenu ».
Le vote s’est déroulé sereinement mercredi, et la Commission électorale a fait état d’une participation de plus de 97%.
Les résultats préliminaires pourraient être publiés jeudi soir, ou plus probablement vendredi.
Le TPLF a mené la lutte armée contre le régime communiste du Derg jusqu’à la chute de ce dernier en 1991 et a dirigé ensuite la coalition au pouvoir durant plus d’un quart de siècle.
Mis sur la touche par le gouvernement d’Abiy Ahmed, le TPLF reste aux commandes dans son fief du Tigré, qui représente environ 6% de la population éthiopienne (110 millions d’habitants).
Le commissaire électoral Muluwork Kidanemariam a déclaré jeudi qu’il était trop tôt pour donner des premières tendances de résultats, mais a suggéré qu’il ne serait pas surpris si le TPLF gagnait haut la main.
« Le parti au pouvoir est très fort », a-t-il dit. « On a pu le voir par le passé ».