Cacao « durable »: l’UE engage le dialogue avec Côte d’Ivoire et Ghana
L’UE a donné mardi le coup d’envoi de pourparlers avec la Côte d’Ivoire et le Ghana, premiers producteurs mondiaux de cacao, pour développer des critères de production « durables », afin de contrer la déforestation.
Ce dialogue, qui réunit les institutions européennes, les deux pays africains et des représentants des producteurs, doit « aboutir à des recommandations concrètes » d’ici mi-2021 pour rendre « plus durable » la chaîne de production du cacao, indique la Commission européenne dans un communiqué.
Les discussions, qui se poursuivront jusqu’en juillet 2021, doivent identifier des mécanismes permettant de décourager la déforestation ou le travail des enfants, tout en incitant les entreprises européennes à se montrer « responsables » dans leurs achats de fèves.
La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui représentent à eux deux 64% de la production mondiale de cacao pour la campagne 2019-2020 selon l’ICCO (Organisation internationale du cacao), se sont déjà engagés en juin 2019 dans une initiative conjointe pour garantir des revenus minimums aux cultivateurs par le versement d’une prime au-delà du prix du marché.
L’UE voudrait étoffer ce mécanisme.
Une source européenne évoque un « alignement des planètes »: les deux pays africains « ont convergé », et comme ils concentrent l’essentiel du marché du cacao, « il est possible pour l’Europe de jouer un rôle clé ».
L’UE représente 60% des importations de cacao dans le monde, et la Côte d’Ivoire comme le Ghana disposent d’un accès commercial sans quota ni droit de douane à l’Europe.
Une initiative similaire aurait été quasi-impossible pour le soja ou l’huile de palme, dont la production est éclatée entre de multiples pays, dont des géants économiques comme le Brésil ou l’Indonésie.
Par ailleurs, il existe une demande croissante des consommateurs européens pour un cacao issu du commerce équitable, et qui serait garanti de surcroît « sans déforestation ou travail d’enfants », et les entreprises sont prêtes à payer plus cher pour s’approvisionner en cacao « durable », juge-t-on à la Commission.
Avec l’espoir que les critères discutés deviennent contraignants — « une approche +douce+ ne suffira pas à transformer » le secteur, indique-t-on de même source.
« Nous nous tenons prêts à être un facilitateur honnête pour établir les bases d’un nouveau cadre international pour un cacao durable », soutient Jutta Urpilainen, commissaire européenne en charge des partenariats internationaux.
In fine, l’ICCO devrait être associée à l’initiative.
En Côte d’Ivoire et au Ghana, jusqu’à 6 millions d’agriculteurs tirent leurs principaux revenus de la culture du cacao, selon les Nations unies.