Entretien. Mehdi Hatim. “Le Sénégal m’a tout donné”
Ils sont près de 200 médecins en spécialisation à la faculté de médecine attachée à l’Université Cheikh Anta Diop. Ce fleuron de l’enseignement en Afrique de l’Ouest a vu défiler, depuis les années 70s, plusieurs générations de médecins marocains. Parmi eux, Mehdi Hatim. Quand il débarque à Dakar en 2008, il ne savait pas qu’il allait fondre dans le décor de la société dakaroise. 12 ans après, il y est toujours et nourrit plusieurs projets à réaliser entre le Maroc et le son pays d’adoption, le Sénégal.
Les Panafricaines. Pourquoi avez-vous choisi le Sénégal pour vos études en médecine ?
Mehdi Hatim: Il faut savoir que le niveau de formation au Sénégal est très bon. En tout cas sur le plan théorique, même si sur le plan pratique on relève quelques manquements en matériel, mais in fini, on y est bien formé. La faculté de médecine est l’une des plus anciennes d’Afrique de l’Ouest.
Par ailleurs, la coopération maroco-sénégalaise facilite aux étudiants les démarches, sans oublier la reconnaissance de la diplomation par le ministère de l’Enseignement Supérieur au Maroc.
Est-ce que c’est facile de s’intégrer au Sénégal quand on est étudiant ?
Je suis venu ici il y a 12 ans. Après mon diplôme de médecin généraliste, j’ai opté pour une spécialisation en ophtalmologie et je travaille comme médecin résidant à l’hôpital Abass N’dao de Dakar. La vie est plaisante ici au point que des générations de médecins sont passés par la case Dakar avant de rentrer au pays ou rester définitivement ici.
Qu’est ce qui attire les gens à Dakar?
C’est la société sénégalaise qui exerce une fascination sur n’importe quel étranger. Les Sénégalais sont gentils, accueillants, et ne se mêlent pas de la vie des autres. Le pays a un bagage démocratique important ce qui en fait un îlot stable où les transitions du pouvoir se font de façon pacifique. Comme au Maroc, il y a un fort esprit de tolérance aux différences de religion et un sens aiguisé de la cohabitation des opinions et des idées. Sans oublier qu’il y a tellement de choses à visiter et découvrir.
Actuellement, vous êtes Secrétaire général du Collectif des Médecins Marocains au Sénégal (CMMS). Parlez-nous des activités que vous organisez.
Créé en juillet 2019, le collectif est composé des médecins et étudiants marocains au Sénégal. Nous organisons des caravanes médicales au profit de la population avec le soutien des laboratoires médicaux marocains et l’ambassade du Maroc à Dakar. Le Week-end dernier, on a organisé des consultations gratuites au quartier Fann-Hock de la capitale sénégalaise. Une opération qui a ciblé principalement les personnes âgées et les patients souffrant de maladies chroniques.
Par ailleurs, des troupes marocaines de théâtre sont souvent invitées à Dakar pour le grand plaisir de la diaspora marocaine qui garde un contact permanent avec le pays.
Qu’en est-il de la situation avec la crise induite par le Covid-19?
Comme partout, le Sénégal a été frappé de plein fouet par la crise induite par la pandémie du Covid-19 qui a causé un retentissement de l’économie, particulièrement pendant la période du couvre-feu. Avec la levée des restrictions la vie a repris son cours et nous essayons de retrouver nos anciens repères.
A la fin de vos études, allez-vous regagner le Maroc ?
En vérité, le Sénégal m’a tout donné. Dans le meilleur des mondes, mon objectif serait de créer une passerelle entre les deux pays et continuer à travailler dans l’un et investir dans l’autre. J’aimerais continuer à faire faire l’aller-retour entre ces deux pays fascinants et qui se ressemblent à bien des égards, c’est ce qui explique leurs liens historiques.