Ethiopie: Abiy Ahmed inflexible devant les émissaires de l’UA
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a réaffirmé vendredi qu’il était de son devoir de « maintenir l’ordre » en Ethiopie, au terme d’une rencontre organisée à Addis Abeba avec les envoyés spéciaux chargés par l’Union Africaine (UA) d’une médiation dans le conflit au Tigré.
Abiy a ordonné jeudi à l’armée de lancer la « dernière phase » de l’opération militaire déclenchée le 4 novembre, avec l’attaque de Mekele, la capitale de cette région dissidente du Nord.
Les dirigeants tigréens, issus du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), sont retranchés à Mekele, désormais encerclée par les forces fédérales et qui comptait avant le début du conflit quelque 500.000 habitants.
La communauté internationale, inquiète des conséquences d’un assaut pour les civils et de possibles « crimes de guerre », tente de faire pression sur M. Abiy. Mais celui-ci a fermement rejeté toute « interférence dans les affaires internes » de son pays.
Entre autres initiatives, l’UA, dont le siège est à Addis Abeba, a nommé trois envoyés spéciaux, les anciens présidents mozambicain Joaquim Chissano, libérienne Ellen Johnson-Sirleaf et sud-africain Kgalema Motlanthe, arrivés mercredi dans la capitale éthiopienne.
My utmost gratitude to President @CyrilRamaphosa & his Special Envoys for their concerted effort to understand our rule of law operations. Receiving the wisdom & counsel of respected African elders is a precious continental culture that we value greatly in Ethiopia. pic.twitter.com/2utnEXG94o
— Abiy Ahmed Ali 🇪🇹 (@AbiyAhmedAli) November 27, 2020
Le gouvernement éthiopien s’est engagé à les rencontrer « par respect » mais avait par avance décliné poliment cette offre de médiation, comme toutes les précédentes.
Vendredi, le Premier ministre a ainsi exprimé dans un communiqué sa « gratitude » envers le chef de l’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa, qui assure la présidence tournante de l’UA, et envers les envoyés spéciaux, pour leur engagement à proposer « des solutions africaines aux problèmes africains ».
Mais il a aussi rappelé que son gouvernement avait « la responsabilité constitutionnelle de maintenir l’ordre (au Tigré) et à travers le pays », soulignant la patience dont il a longtemps fait preuve face aux « provocations » et à « l’agenda de déstabilisation » du TPLF.
Jeudi, le ministre éthiopien des Affaires étrangères Demeke Mekonnen avait parallèlement continué la tournée diplomatique entamée il y a une dizaine de jours pour défendre la position du gouvernement, en rencontrant à Paris le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
A l’issue de cet entretien, M. Le Drian a déclaré dans un communiqué condamner les « violences à caractère ethnique » et a appelé à des « mesures de protection des populations civiles. »
Aucun bilan précis des combats au Tigré n’est jusqu’ici disponible, mais au moins plusieurs centaines de personnes ont été tuées. Plus de 43.000 Ethiopiens ont fui au Soudan voisin, selon HCR, l’agence onusienne chargée des réfugiés.
Vendredi, le HCR a indiqué avoir transporté par avion vers le Soudan 32 tonnes d’aide d’urgence – des couvertures, moustiquaires, et lampes solaires notamment. Une deuxième cargaison doit arriver lundi.