Kenya. Une année 2020 sans école
Les écoliers du Kenya se remémoreront bien de cette année 2020 où ils ont passé tout leurs temps à la maison aux dépens du repos de leurs familles et de leurs proches, le gouvernement ayant décrété une année blanche pour juguler la propagation du Coronavirus qui n’a épargné aucune personne de tout âge que ce soit.
Les établissements scolaires kényans, dont les cursus se déroulent de janvier à décembre, sont en effet fermés depuis mars. Alors que le taux d’infections au Covid-19 augmente fortement dernièrement, le gouvernement a dû se résoudre à maintenir les écoles primaires et secondaires fermées au moins jusqu’à janvier 2021 et à condition que la situation épidémiologique le permette.
2020 aura été finalement une année blanche pour le Kenya. Le ministère de l’Éducation avait annoncé début juillet l’annulation des examens à la fin du primaire et du lycée. Par voie de conséquence, l’ensemble des 17 millions de jeunes Kényans actuellement scolarisés resteront dans la même classe l’an prochain.
Une décision aux conséquences très lourde. C’est d’abord un coup d’arrêt à l’apprentissage, mais c’est aussi une charge supplémentaire pour les familles, déjà touchées par la pandémie et qui devront garder leurs enfants à la maison, s’atteler à leur apprentissage et faire en sorte que les frais de scolarité déjà déboursés cette année sont perdus.
Pour le primaire et le secondaire, la réouverture est même repoussée à janvier 2021. Et encore «seulement si le décompte quotidien des malades baisse pendant quatorze jours de suite. Cela voudra dire que le pic de l’épidémie sera passé», avait déclaré le ministre de l’Éducation, George Magoha, qui fait presque quotidiennement la « Une » des journaux.
Une fois n’est pas coutume, la décision gouvernementale est soutenue par les syndicats, qui ont été impliqués dans la décision. «La sécurité des élèves et des enseignants est cruciale. L’aplatissement de la courbe nous guidera», avait réagi William Sossion, secrétaire général du syndicat des enseignants.
Selon le gouvernement Kényan, cette année blanche décidée au terme d’un mois de discussion, devrait permettre de protéger les enseignants et les élèves, mais également de lutter contre les inégalités constatées depuis la suspension des cours en présentiel en mars dernier. En effet, un grand nombre d’élèves kényans n’ont pas accès aux nouvelles technologies nécessaires pour suivre leurs cours à distance, en particulier ceux qui vivent dans le milieu rural et qui n’ont ni électricité, ni internet et ni ordinateur chez eux, un problème qui a poussé le gouvernement à prendre cette décision radicale et dont les conséquences sont lourdes.
Mais cette décision fortement controversée dans le pays, pourrait selon plusieurs experts kényans, produire l’effet inverse, car les élèves qui ont accès aux nouvelles technologies pourront toujours continuer à étudier via la télévision, la radio ou internet, alors que les moins privilégiés n’auront pas cette possibilité. Et par conséquent, les deux groupes d’élèves ne seront pas au même niveau lorsque les écoles rouvriront.
Notons que cette année blanche décidée par le ministère de l’Education, concerne plus de 90.000 établissements scolaires et près de 17 millions d’élèves, de la maternelle au lycée.