Cameroun. Plus de trois millions de citoyens en situation de double identité
Au Cameroun, des milliers de citoyens ne disposent pas d’un titre d’identité. En cause, un bug au niveau du nouveau système de sécurisation de la nationalité camerounaise et la lenteur de la cadence de production des cartes.
Annick P., jeune cadre d’entreprise, ne dispose pas d’une carte nationale d’identité (CNI). Elle a entrepris les démarches administratives pour obtenir le précieux sésame. Seulement, ça fait deux ans que le titre d’identité provisoire (récépissé) qui prouve sa demande de CNI est prorogé. Elle n’est pas la seule à attendre. Des milliers de citoyens camerounais sont confrontés à cette situation depuis quelques années. Leur impatience a d’ailleurs motivé la création du hashtag #JeVeuxMaCNI, afin de dénoncer et critiquer les lenteurs observées dans la délivrance de ce document.
Le mouvement a rapidement pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux et obligé Martin Mbarga Nguele, le patron de la police camerounaise, à donner une conférence de presse le 8 janvier dernier à Yaoundé. D’après lui, certains blocages viennent des erreurs enregistrées lors de la procédure d’identification des usagers. Mais, si la situation créé un tel malaise, c’est parce que plus de trois millions de Camerounais sont en situation de double, triple voire quadruple identité et sont considérés comme faussaires.
Le phénomène est ainsi mis à nue depuis 2016, avec la mise sur pied d’un nouveau système de sécurisation de la nationalité camerounaise. Avec ledit système, la seule identité considérée comme authentique est la première enregistrée dans la base de données de la police. Le problème vient parfois du fait que lors de leurs demandes de régularisation, certains usagers en situation (involontaire) de double identité refusent d’aligner leurs requêtes à leur identité « authentique ». Dans ces conditions, une CNI ne peut leur être délivrée.
La capacité de production est un autre élément qui explique les blocages liés à la délivrance des cartes nationales d’identité. Le patron de la police camerounaise a reconnu qu’à ce niveau, il y a eu un ralentissement lié à certaines difficultés techniques. Actuellement, le Cameroun produit 10.000 cartes par jour. Mais, avec la mise en service du Centre de production secondaire de Garoua (dans la région du Nord du Cameroun), la production journalière des CNI pourra bientôt passer à 15.000.
Par Irène Fernande Ekouta
