Interview. Naby Sylla: » La Voix des Guinéens résidents au Maroc doit resonner haut et fort »
Ils sont près de 4.000 Guinéens à vivre au Maroc. On en dénombre plusieurs étudiants, commerçants, et des travailleurs dans les grands marchés qui existent dans l’axe Casablanca-Rabat. La communauté guinéenne est assez soudée, disposant de porte-paroles mobilisés pour faire entendre sa voix aussi bien dans le pays d’accueil qu’en Guinée.
Parmi eux, Mohamed Naby Sylla. Ce diplômé en électromécanique a posé ses valises au Maroc il y a sept ans. Entre ses études et son travail dans une entreprise créée par un compatriote, Naby a été témoin du début de la détérioration de la situation des Guinées résidants au Maroc à partir de 2018. Il nous en explique les raisons.
Que s’est-il passé en 2018 ?
La communauté guinéenne a toujours vécu au royaume en bonne intelligence avec les Marocains. Nous n’avions pas besoin de visa pour se rendre au Maroc. En 2018, le royaume a instauré l’Autorisation électronique de voyage au Maroc (AEVM). Or, les Guinéens résidants au Maroc qui veulent renouveler leurs passeports sont désormais dans l’obligation de se rendre au pays en raison du refus de notre représentation diplomatique de nous livrer ces passeports et d’autres documents comme le casier judiciaire ou l’authentification des diplômes.
Il faut savoir que le billet d’avion pour Conakry coûte jusqu’à 15.000 DH, ce qui n’est pas les cordes de plusieurs personnes qui vivent dans des conditions modestes. En conséquence, plusieurs Guinéens sont dans l’impossibilité de renouveler leurs titres de séjours au Maroc, ce qui pose de graves problèmes avec les entreprises où ils travaillent.
Quelles actions avez-vous entreprises pour défendre vos intérêts ?
Nous avons constaté avec regret que les représentations diplomatiques Sénégalaises, Ivoiriennes, ou Camerounaises ont pesé de leur poids pour défendre leur concitoyen, alors que la Guinée est restée inactive.
Dans le but de défendre les intérêts des Guinéens résidents dans ce pays, nous avons créé le 5 janvier dernier, un mouvement dénommé « Voix des Guinéens résidents au Maroc » (VGM).
Nous demandons en priorité la suppression de l’AEVM entre le Maroc et la Guinée par la voie diplomatique, le renouvellement des passeports guinéens au Maroc, l’amélioration des bourses des étudiants, ainsi que le déblocage du budget annuel de l’ambassade qui sert à porter assistance aux Guinéens se trouvant dans les situations malheureuses et leur rapatriement en cas de décès ou de maladie.
Qu’en est-il de la situation de Guinéens avec la pandémie du Covid-19?
La situation est compliquée en raison de l’activité économique qui tourne au ralenti. Dès le début de la pandémie, nous avons organisé des collectes et des distributions de certaines denrées alimentaires comme le riz ou le sucre. Malheureusement, nous n’avons bénéficié d’aucune aide de notre représentation diplomatique, comme c’est le cas du Sénégal qui a versé une aide de 700 DH aux résidents sénégalais au Maroc.
Par ailleurs, dans le cadre du VGM, nous sollicitons une assistance juridique via l’ambassade de Guinée au Maroc à l’endroit des ressortissants qui purgent des peines de prison.