Côte d’Ivoire. Guillaume Soro jugé par contumace pour « complot »
L’ex-chef rebelle et ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro est jugé par contumace à partir de mercredi à Abidjan avec une vingtaine de ses partisans pour une tentative présumée de « complot » visant à renverser le pouvoir fin 2019.
Selon le parquet ivoirien, l’ex-président de l’Assemblée nationale (2012-19), qui vit en exil à l’étranger depuis deux ans, aurait fomenté une « insurrection civile et militaire » lors de son retour – finalement avorté – en Côte d’Ivoire en décembre 2019, dix mois avant l’élection présidentielle.
Guillaume Soro, 49 ans, est accusé de « complot », « tentative d’atteinte contre l’autorité de l’Etat » ainsi que de « diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement, ayant entraîné une atteinte au moral des populations », selon l’ordonnance de renvoi devant le tribunal criminel d’Abidjan (équivalent de la cour d’assises).
Dix-neuf de ses partisans sont poursuivis pour les mêmes charges, dont deux de ses frères, l’ancien ministre et député Alain Lobognon, considéré comme son bras droit, et plusieurs autres anciens parlementaires, tous étant emprisonnés depuis un an et demi. Son avocate et ancienne ministre Affoussy Bamba, en exil, est également poursuivie. Ils encourent la prison à vie.
Chef de la rébellion qui contrôlait la moitié nord de la Côte d’Ivoire dans les années 2000, Guillaume Soro avait aidé militairement Alassane Ouattara à accéder au pouvoir lors de la crise post-électorale de 2010-11 face au président Laurent Gbagbo. Mais les deux hommes s’étaient éloignés peu à peu, puis brouillés jusqu’à la rupture consommée début 2019, en raison, selon les analystes politiques, des ambitions présidentielles de M. Soro.
En avril 2020, M. Soro a été condamné à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics, pour avoir tenter de s’approprier, selon la justice, une résidence achetée par l’Etat pour le loger lorsqu’il était Premier ministre. Cette condamnation avait justifié l’invalidation de sa candidature à la présidentielle, alors qu’il était vu comme un challenger sérieux.