RDC : Tshisekedi demande un audit du vaste contrat signé avec la Chine
Le président congolais Félix Tshisekedi a exigé une évaluation des projets liés au contrat « sino-congolais » signé en 2008 par son prédécesseur Joseph Kabila en République démocratique du Congo (RDC).
Le chef de l’État a demandé au ministre des Infrastructures et Travaux publics « de présenter l’état des lieux de l’exécution technique et financière des projets inscrits dans le contrat dit sino-congolais, et à la ministre des Mines d’en faire autant dans son secteur », lors de la prochaine réunion du conseil des ministres, a déclaré le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya à la télévision d’Etat, RTNC.
Déficit d’infrastructures
La RDC « accuse un important déficit en termes d’infrastructures. Cette réalité constitue une entrave à son développement », a-t-il ajouté, en lisant un compte rendu du conseil des ministres tenu vendredi. « C’est dans cet esprit qu’en 2008, dans le souci de capitaliser toutes les sources disponibles de financement des infrastructures », le pays avait signé le contrat sino-congolais, a affirmé le porte-parole du gouvernement congolais.
L’ex-président Kabila (2001-2019) avait négocié en 2008 un contrat sous forme de troc – cobalt et cuivre contre la construction d’infrastructures – avec un consortium chinois pour un montant de 9 milliards de dollars, renégocié à 6 milliards sous pression du Fond monétaire international (FMI). A ce jour, près de 2,74 milliards ont été décaissés par la partie chinoise, pour l’essentiel sous forme d’investissements.
Manque d’électricité
« L’exécution des grands projets d’infrastructures inscrits dans le cadre de ce contrat avait été interrompue pour des raisons techniques liées notamment à l’insuffisance d’énergie électrique pour la production minière », a indiqué M. Muyaya. « Ce problème étant réglé par le lancement imminent de la centrale de Busanga, la mise en œuvre de ces projets devrait être relancée sans tarder ».
Mi-mai, lors d’une visite dans la ville minière de Kolwezi (sud-est), M. Tshisekedi avait annoncé son intention de renégocier les contrats miniers, notamment ceux conclus avec la Chine par M. Kabila. « Il n’est pas normal que ceux avec qui le pays a signé des contrats d’exploitation s’enrichissent pendant que nos populations demeurent pauvres », avait alors lancé M. Thisekedi. « Il est temps que le pays réajuste ses contrats avec les miniers pour sceller des partenariats gagnant-gagnant ».
Le président avait fustigé les investisseurs qui « viennent les poches vides et repartent milliardaires ». « C’est aussi notre faute. Certains de nos compatriotes avaient mal négocié les contrats miniers. Pire, le peu qui revient à l’État, ils l’ont mis dans leurs propres poches », avait-il accusé.
Une trentaine d’entreprises chinoises au Katanga
Le Katanga abrite d’immenses richesses minières, dont le cobalt, le cuivre, l’uranium… Sous la colonisation, puis l’indépendance avec l’entreprise publique Gécamines, la région a toujours contribué à plus de 50% du budget national, et la presque totalité des exportations. La faillite de la Gécamines dans les années 90 a été synonyme d’effondrement de l’économie du pays. Une quarantaine d’entreprises minières opèrent aujourd’hui au Katanga, dont les géants Gécamines et Tenke Fungurume Mining (TFP). Une trentaine sont chinoises ou à capitaux majoritairement chinois.
Élu en décembre 2018, Tshisekedi a rompu en décembre 2020 la coalition qu’il formait avec le camp Kabila, après deux ans et demi de cogestion du pays. Dans le même temps, il aurait pris ses distances avec Pékin pour se rapprocher des Etats-Unis.