Trois agences de l’ONU appellent à « réorienter » les soutiens à l’agriculture aux effets souvent « dommageables »
Trois agences de l’ONU appellent à « réorienter » les soutiens publics à l’agriculture dont près de 90% ont des effets environnementaux ou sociaux « dommageables », dans un rapport publié mardi.
Intitulé « Une opportunité de plusieurs milliards de dollars » et porté par la FAO (agriculture et alimentation), le PNUD (développement) et le PNUE (environnement), il vise à déclencher « une prise de conscience » des gouvernements du monde entier, à quelques jours du Sommet mondial des systèmes alimentaires organisé par l’ONU à New York le 23 septembre.
Selon ce rapport, le soutien aux agriculteurs dans le monde représente au total 540 milliards de dollars par an. Sur ce montant, environ 470 milliards de dollars – soit 87% – génèrent « des distorsions de prix et sont dommageables pour l’environnement et socialement », selon lui.
Il pointe particulièrement du doigt les soutiens par les prix (294 milliards de dollars par an) via des droits de douane, des subventions à l’exportation, des quotas à l’importation. « Cela entraîne des distorsions de prix » et fausse la concurrence, souligne Marco Sanchez, économiste à la FAO et l’un des auteurs du rapport, interrogé par l’AFP. « Cela nuit à l’efficacité! ».
Les aides budgétaires aux agriculteurs, qui se montent à 245 milliards de dollars par an, peuvent de leur côté avoir « un impact négatif sur l’environnement » lorsqu’elles sont liées à une production ou à un intrant en particulier (« aides couplées »). Cela peut entraîner une « utilisation massive de produits chimiques, un appauvrissement des ressources naturelles et le développement de la monoculture », poursuit Marco Sanchez.
Ces aides sont également susceptibles de nuire à l’équilibre nutritionnel des populations en favorisant la consommation des denrées de base (sucre etc.) au détriment des fruits et légumes, fait-il valoir.
Les trois agences des Nations Unies préconisent une démarche en six étapes pour parvenir à réformer progressivement ces soutiens.
La réorientation des aides devra se faire de façon « transparente », être basée « sur des preuves » et être adaptée à la situation des différents pays, souligne le rapport.
En passant à des soutiens à l’agriculture « plus respectueux pour la nature, plus équitables et plus efficaces, nous pouvons améliorer les moyens de subsistance tout en réduisant les émissions polluantes, en protégeant les écosystèmes et en réduisant l’utilisation de produits agrochimiques », estime Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE.