Tunisie: Kais Saied va nommer un Premier ministre
Le président tunisien Kais Saied a annoncé lundi qu’il nommerait un nouveau chef du gouvernement, tout en gardant en place les mesures d’exception qu’il avait décrétées le 25 juillet pour s’arroger les pleins pouvoirs.
« Ces mesures d’exception se poursuivront et un chef du gouvernement sera nommé mais sur la base de provisions de transition répondant à la volonté du peuple », a déclaré M. Saied lors d’un discours retransmis par la télévision nationale depuis Sidi Bouzid, berceau de la révolte tunisienne de 2011 qui a renversé le régime de Ben Ali.
M. Saied, dont le discours au siège du gouvernorat de Sidi Bouzid a été interrompu à plusieurs reprises par une foule scandant « le peuple veut la dissolution du Parlement », a en outre annoncé qu’il allait faire adopter « une nouvelle loi électorale » sans en dévoiler les contours.
Le scrutin législatif de novembre 2019 qui s’était tenu sur la base de la loi électorale actuellement en vigueur avait abouti à un Parlement émietté qui a permis au parti d’inspiration islamiste Ennahdha, principal adversaire de M. Saied, d’y assumer un rôle pivot au sein d’une coalition.
Le 25 juillet, M. Saied a limogé le Premier ministre Hichem Mechichi, suspendu les activités du Parlement et s’est arrogé aussi le pouvoir judiciaire, pour un mois renouvelable avant de prolonger ces mesures le 24 août, « jusqu’à nouvel ordre ».
Il a évoqué par la suite une réforme à venir de la Constitution de 2014 qui a instauré un système hybride, ni présidentiel ni parlementaire, source de conflits récurrents entre les deux pouvoirs.
Il s’est appuyé sur son article 80 qui envisage des mesures exceptionnelles en cas de « péril imminent » à la sécurité nationale, pour justifier les décisions prises le 25 juillet.
Nombre de Tunisiens les ont accueillies avec enthousiasme car, exaspérés par leur classe politique, ils attendent des actes forts contre la corruption et l’impunité, dans un pays en graves difficultés sociales et économiques.
Mais opposants, partis politiques, magistrats et avocats ont dit craindre une « dérive autoritaire ».