Afrique de l’Ouest et centrale : 38 millions de personnes menacées par la faim, l’ONU demande une action urgente
Près de 38 millions de personnes sont menacées par la faim en Afrique de l’Ouest et du centre à cause de l’impact de la pandémie due au coronavirus, de la sécheresse et de l’insécurité dans la région, a averti mardi l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM).
En outre, 2 millions de personnes en République centrafricaine (RCA) ont besoin d’une aide humanitaire urgente. Au total, 38 millions de personnes en Afrique de l’Ouest, au Cameroun et en RCA ne seront pas en mesure de satisfaire leurs besoins fondamentaux, y compris alimentaires, sans aide extérieure.
Les récentes analyses de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle du Cadre Harmonisé dans la région, révèlent que, pour la période d’octobre à décembre 2021, 26 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
« Parmi ces 36 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë (Phase 3 ou pire), près de 2,6 millions seront en situation d’urgence (Phase 4) lors de la prochaine période de soudure, de juin à août 2022 », a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Dakar (Sénégal), Amadou Diop, conseiller régional pour le Bureau de la FAO au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
Plus grave encore, environ 13.500 personnes connaîtront une situation catastrophique, en raison « des conditions proches de la famine, dans certaines régions inaccessibles de l’État de Borno, dans le nord-est du Nigeria ».
« La situation est grave. L’insécurité alimentaire s’étend dans la région », a affirmé le responsable principal de l’évaluation et du suivi du PAM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Ollo Sib.
Un panier ménager 30 à 40 % plus cher que dans le reste du monde
« Lorsqu’on leur a demandé de fournir une année de référence afin de comprendre la gravité de la situation, les personnes que nous avons rencontrées ont comparé la situation actuelle à celle que la région a connue en 2011, 2017 ou 2019, notamment en Mauritanie, dans la région du lac Tchad et dans le Sahel central. Ces années ont été exceptionnellement sèches dans le Sahel, où une sécheresse massive a touché des millions de personnes en Afrique de l’Ouest », a fait valoir M. Sib.
Il ressort également de la mission des experts de l’ONU au Cameroun, et même au Sénégal, « les gens s’inquiètent du coût élevé de la nourriture, en général 30 à 40 % plus élevé que dans le reste du monde ». Le prix des aliments a « grimpé en flèche dans de nombreux pays », réduisant l’accès à la nourriture.
À Bol, dans la région du Lac Tchad, les éleveurs vendent du bétail pour acheter des céréales. L’année dernière, avec un bovin vendu, ils pouvaient acheter 7 sacs de mil, voire plus.
Par ailleurs, les populations s’inquiètent, notamment au Sahel et au Nigeria, « de l’insécurité persistante, des fragilités institutionnelles, de la multiplication des conflits intercommunautaires », a fait remarquer M. Sib.
Toujours en Afrique de l’Ouest, les populations du Nord de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Togo s’inquiètent aussi « de l’expansion des activités des groupes armés vers les pays côtiers ».
En plus de cette insécurité et des conditions climatiques, les populations doivent encore faire face aux effets à long terme de la pandémie de Covid-19.
« Les populations sont accablées », a dit M. Diop, relevant que l’extrême pauvreté a augmenté de 3 % entre 2020 et 2021 en Afrique de l’Ouest.