Le Rwanda confirme sa vocation de terre d’accueil des migrants en Afrique de l’Est
Le Rwanda, pays de 13 millions d’habitants niché au centre des Grands lacs d’Afrique, s’est transformé au cours des dernières années en véritable terre d’accueil pour les migrants et demandeurs d’asile, d’Afrique et d’ailleurs, grâce à une politique d’accueil jugée « très ouverte ».
Après les réfugiés afghans en 2021 et les demandeurs d’asiles africains coincés en Libye en 2019, le pays des mille collines se porte, une nouvelle fois, candidat pour accueillir sur son sol des migrants et demandeurs d’asile africains rejetés par un pays d’accueil, en l’occurrence le Royaume-Uni.
Au-delà des migrants et réfugiés évacués d’Afghanistan et de Libye, le Rwanda abrite plus de 140.000 réfugiés burundais et congolais hébergés dans six camps au Rwanda. Logement décent, aides sociales, vêtements chauds et cours de langue sont offerts aux demandeurs d’asile pour faciliter leur intégration dans la société ou leur transfert vers un autre pays s’ils le souhaitent.
Pour confirmer sa nouvelle vocation de terre d’asile et d’intégration en Afrique de l’est pour les migrants et réfugiés, le pays est-africain accueillera désormais des migrants clandestins cherchant à s’établir au Royaume-Uni. C’est ce qui ressort d’un accord signé le 14 avril entre Kigali et Londres.
D’après les détails de cet accord, les migrants qui effectuent des voyages clandestins à destination du territoire britannique verront désormais leur demande d’asile être traitée par le Rwanda. En cas d’approbation, ces demandeurs d’asile pourront être installés et intégrés au Rwanda.
Dans le cadre de cet accord sans précédent, près de 160 millions de dollars seront investis par Londres dans le développement économique et la croissance du Rwanda.
Pour le chercheur rwandais spécialiste de l’Afrique, Andre Gakwaya, la décision des autorités rwandaises d’accueillir des migrants clandestins acheminés du Royaume Uni constitue « un élan humaniste qui reflète la politique d’accueil très ouverte adoptée par le Rwanda ».
« Cette décision illustre aussi la forte tradition d’accueil pour les plus vulnérables qui caractérise les Rwandais », a-t-il soutenu, faisant observer que la question des réfugiés occupe une place particulière pour le Rwanda en raison de l’histoire du pays qui a vécu des vagues de migration depuis plus d’un quart de siècle ainsi qu’avant et pendant le génocide contre les Tutsi en 1994.
Aux yeux de M. Gakwaya, par ailleurs directeur général de l’Agence rwandaise de presse (ARI), les Rwandais sont bien placés pour comprendre les difficultés et les besoins de cette catégorie vulnérable.
« Face aux vagues de déplacement et de migration qui se sont succédé aux cours des dernières années, notamment dans la région d’Afrique de l’Est, les autorités rwandaises ont mis en place une stratégie audacieuse pour protéger les migrants et demandeurs d’asile, accompagner leur intégration et régulariser leur situation juridique », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, il a souligné que l’Observatoire africain des migrations, inauguré l’an dernier à Rabat, aidera le Rwanda et l’Afrique à gérer plus efficacement la question de la migration grâce notamment à des données spécifiques à même de contribuer au processus de prise de décision et à la mise en place de stratégies migratoires selon une vision claire et efficace.
Le Rwanda avait déjà accepté d’accueillir sur son sol des réfugiés afghans censés normalement voyager vers les Etats-Unis. A cet effet, 250 écolières s’étaient d’ailleurs vues offrir l’asile par le pays est-africain.
En 2019, le gouvernement rwandais avait également signé un accord tripartite avec l’Union Africaine (UA) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour accueillir des milliers de migrants et demandeurs d’asile africains bloqués en Libye.
Au cours de la dernière décennie, le pays des Mille collines avait accueilli des dizaines de milliers de réfugiés congolais et burundais fuyant les crises politiques et sécuritaires.