Afrique du Sud. Inquiétudes face à la recrudescence des crimes violents
La recrudescence des crimes violents en Afrique du Sud, notamment ceux liés aux conflits de gangs, suscite de profondes inquiétudes dans le pays, a indiqué mardi le Centre sud-africain pour l’étude de la violence et de la réconciliation (CSVR).
La situation est devenue alarmante « car nous assistons à une escalade de la violence dans une société démocratique qui n’est pas en guerre », a déclaré la directrice exécutive du CSVR, Annah Moyo-Kupeta, mettant en garde que la violence sous toutes ses formes a été normalisée en Afrique du Sud.
Elle a souligné à cet égard que les autorités du pays doivent déployer davantage d’efforts pour comprendre « pourquoi la violence devient un moyen souvent utilisé pour résoudre les problèmes et les conflits dans la société sud-africaine ? ».
« Nous devons vraiment aller à la racine de la violence pour traiter le problème en profondeur », a-t-elle poursuivi, notant que l’exacerbation des problèmes socio-économiques contribue fortement à cette vague de violences observées récemment dans le pays.
Pour sa part, M. André Duvenhage, analyste politique et professeur à l’Université de la province du Nord-Ouest, a estimé que les récents événements de fusillades qui ont fait de nombreuses victimes traduisent une instabilité politique accrue dans le pays.
« Cette instabilité est susceptible de se poursuivre durant les prochains mois alors que l’environnement politique et social devient de plus en plus tendu », a-t-il mis en garde.
L’Afrique du Sud est l’un des pays les plus dangereux au monde. La criminalité continue de s’y aggraver, avec un taux de meurtres, attaques à main armée, enlèvements, viols et autres crimes, supérieur à la majorité des autres pays dans le monde.
Début juillet, vingt personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans deux fusillades survenues dans les villes de Johannesburg et Pietermaritzburg. Le premier incident, qui a fait 16 morts et huit blessés, a eu lieu dans le quartier populaire de Soweto, lorsque des hommes armés ont pris d’assaut une taverne et ouvert le feu au hasard sur les clients.
Le ministre de la Police, Bheki Cele, qui a présenté récemment les statistiques trimestrielles sur la criminalité à la commission parlementaire du portfolio de la Police, a brossé un tableau sombre de la situation sécuritaire dans le pays.
Avec près de 11.000 femmes violées et 6.083 personnes assassinées, dont 898 femmes et 306 enfants, le pays semble être en guerre contre lui-même.