En Ethiopie, Lavrov invite les Africains à ne pas soutenir un monde régi par les Occidentaux
Le ministre russe des Affaires étrangères a appelé mercredi à Addis Abeba les pays en développement, notamment africains, à ne pas soutenir un monde régi par les Etats-Unis, les avertissant qu’ils pourraient être les prochains à subir les foudres américaines.
« C’est à nous de décider si nous voulons un monde où un Occident (…) totalement inféodé aux Etats-Unis (…) estime qu’il a le droit de décider quand et comment promouvoir ses propres intérêts sans respecter le droit international », a déclaré Sergueï Lavrov.
M. Lavrov s’adressait à un parterre de diplomates majoritairement africains à l’ambassade de Russie en Ethiopie, dernière étape d’une mini-tournée africaine qui l’a aussi conduit en Egypte, au Congo-Brazzaville et en Ouganda.
Lors de son séjour d’une vingtaine d’heures à Addis Abeba, siège de l’Union africaine (UA), M. Lavrov s’est notamment entretenu avec son homologue éthiopien Demeke Mekonnen, également vice-Premier ministre. Mais il n’a rencontré aucun responsable de l’UA, officiellement pour cause d’incompatibilité d’agendas.
« L’Occident a créé un système basé sur certains principes – économie de marché, concurrence loyale, inviolabilité de la propriété privée, présomption d’innocence…: tous ces principes ont été jetés à l’égout quand il s’est agi de faire ce qui leur semblait nécessaire pour punir la Russie », a expliqué Sergueï Lavrov.
« Et je n’ai pas le moindre doute que si besoin est, ils n’hésiteront pas à faire de même à tout autre pays qui (…) les énerverait d’une manière ou d’une autre », a-t-il ajouté.
Selon le chef de la diplomatie russe, « nous traversons une période historique très importante. Une période où nous déciderons tous dans quel univers nous allons vivre, pour nos enfants et nos petits-enfants: un univers basé sur la charte des Nations unies (…) ou un monde où domine le droit basé sur la force, la loi du plus fort ».
Il a nié que la Russie, du fait de son intervention en Ukraine, soit responsable de l’actuelle flambée des prix alimentaires et de l’énergie, durement ressentie en Afrique, invoquant notamment la pandémie de Covid-19 et les politiques de transition énergétiques aux Etats-Unis et en Europe.
« Oui, la situation en Ukraine a un effet additionnel négatif sur les marchés alimentaires. Mais pas en raison de +l’opération spéciale russe en Ukraine+, plutôt à cause de la réaction absolument inadéquate de l’Occident qui a annoncé des sanctions et a déstabilisé la disponibilité de la nourriture sur les marchés », a-t-il martelé.