Législatives à Sao Tomé-et-Principe, début du dépouillement
Les habitants de Sao Tomé-et-Principe ont voté dimanche lors des élections législatives et pourraient voir la coalition de centre-gauche au pouvoir céder sa fragile majorité au centre-droit, dans ce petit archipel lusophone très pauvre, considéré comme un modèle de démocratie parlementaire en Afrique.
Les bureaux de vote ont fermé dans la soirée et le dépouillement a commencé dans l’archipel de 215.000 habitants où 100.000 électeurs étaient appelés à renouveler les 55 députés de l’Assemblée nationale pour quatre ans, en même temps que les élus régionaux et municipaux.
La Commission nationale électorale (CNE) n’a pas donné de précisions quant à la publication des résultats.
De longues files d’attentes s’étaient formées dès l’ouverture des bureaux de vote, notamment à Lemba, dans l’Ouest de l’île de Sao Tomé, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Il y a de longues files d’attente dans quelques bureaux de vote, (…) ce qui indique que les citoyens de Sao Tomé-et-Principe votent en grand nombre », a assuré dans l’après-midi Maria Manuel Leitão Marques, députée européenne, à la tête de la mission d’observation électorale de l’Union européenne.
Le scrutin se déroulait sans incident important à la mi-journée même s’il a été émaillé « d’un boycott du vote dans une zone » de la capitale, à Bairro de Hospital (Nord-Est de l’île), où des électeurs ont bloqué l’entrée d’un bureau de vote, revendiquant un meilleur accès à l’eau potable, a indiqué la CNE.
« Nous sommes convaincus d’une victoire », a déclaré à la presse locale le Premier ministre de centre-gauche, Jorge Bom Jesus (MLSTP), ajoutant qu’il attendrait les résultats au siège du parti.
Le président de centre-droit, Carlos Vila Nova (ADI), a invité les santoméens à se déplacer car « les quatre prochaines années dépendront de chacun ».
Deux grands partis se disputent la direction du pays depuis son indépendance du Portugal en 1975: l’Action indépendante démocratique (ADI, centre-droit) et le Mouvement de libération du Sao Tomé-et-Principe-Parti social-démocrate (MLSTP-PSD, centre-gauche), au pouvoir.
En 2021, les Santoméens avaient élu Carlos Vila Nova, mais l’exécutif est exercé essentiellement par le Premier ministre, Jorge Lopes Bom Jesus, depuis la victoire d’une coalition de partis de gauche lors des législatives de 2018.
Si les partis de gauche et du centre étaient parvenus à se rassembler en 2018 pour battre l’ADI de Patrice Trovoada, ancien Premier ministre (2010-2012 et 2014-2018), ils se présentent désunis à ce scrutin.
Une majorité de l’ADI et ses alliés mettrait fin à une cohabitation au sommet de l’Etat. Même si le président n’exerce qu’une fonction honorifique, il peut jouer le rôle d’arbitre en cas de majorité très courte d’une coalition ou l’autre.
Le pari est d’autant plus difficile qu’avec une majorité d’un siège seulement (28) en 2018 grâce à l’appoint d’une aile du Parti de convergence démocratique (PCD), le MLSTP de M. Lopes Bom Jesus ne peut plus compter sur ce mouvement dimanche, le PCD ayant pris ses distances avec lui.
La popularité du chef du gouvernement a décliné au fil de son mandat. Celui qui avait déclaré vouloir « lutter contre la corruption » lors de son investiture a essuyé des accusations de corruption visant son parti depuis.
Patrice Trovoada, lui, est revenu dans le pays mi-septembre après un exil au Portugal depuis sa défaite de 2018. Il fait figure de favori de l’opposition.
Après 15 années d’un régime marxiste de parti unique, Sao Tomé-et-Principe s’est ouvert au multipartisme en 1991.
Ce petit archipel d’Afrique centrale dépend à environ 90% de la coopération et l’aide internationales pour ses investissements d’infrastructures et ses importations de produits finis.
Ses principaux revenus propres, relativement faibles, sont issus des exportations de cacao et de café, et du tourisme.
Le taux de chômage était de 15,9% en 2021, selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), probablement beaucoup plus dans les faits, et deux-tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
L’archipel figurait au 135e rang mondial sur quelque 190 pays au classement 2021 de l’ONU pour l’Indice de Développement Humain (IDH).