Guinée. Dadis Camara devant les juges et les victimes du massacre du 28 Septembre
L’ancien dictateur Moussa Dadis Camara doit répondre mercredi avec une dizaine de co-accusés pour la première fois devant un tribunal guinéen de l’effroyable massacre commis le 28 septembre 2009, moment attendu depuis 13 ans par les victimes.
Le capitaine Camara, et une dizaine d’autres anciens officiels militaires et gouvernementaux répondront d’une litanie d’assassinats, violences sexuelles, enlèvements, incendies, pillages, des qualifications ne rendant pas compte des abominations commises il y a 13 ans.
Ce jour-là, les Bérets rouges de la garde présidentielle, des policiers, gendarmes et miliciens ont fait couler un bain de sang avec une cruauté effrénée et une froideur inhumaine lors du rassemblement de dizaines de milliers de sympathisants de l’opposition, réunis dans un stade de la banlieue de Conakry pour démontrer pacifiquement leur force et dissuader M. Camara de se présenter à la présidentielle de janvier 2010.
Une multitude de témoignages rapportent comment les Bérets rouges sont entrés dans l’enceinte, en ont bouclé les accès et ont ouvert le feu sans discrimination sur une foule festive et désarmée.
Les hommes ont poursuivi leur besogne au couteau, à la machette et à la baïonnette, jonchant de cadavres la pelouse, les travées et les couloirs à l’intérieur du stade et à l’extérieur. Ils ont abusé de dizaines de femmes et achevé nombre d’entre elles.
Les exactions ont continué les jours d’après, contre des femmes séquestrées et des détenus torturés.
Ces jours-là, au moins 156 personnes ont été tuées et des centaines blessées, au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.
Le capitaine Camara, 58 ans aujourd’hui, est rentré dans la nuit de samedi à dimanche à Conakry pour participer à son procès et, selon ses proches, « laver son honneur ».
Dans le box doivent aussi prendre place, parmi les principaux accusés, le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba, aide de camp de Dadis Camara; le commandant Moussa Thiéboro Camara, une des figures de la junte, tous deux présents au stade selon les témoins; l’officier Claude Pivi, un proche de Dadis Camara et un des commandants de la garde présidentielle; et le colonel Abdoulaye Chérif Diaby, ancien ministre de la Santé.
Ce dernier est soupçonné d’avoir fait en sorte que les blessés soient privés de soins et d’avoir participé à l’entreprise à grande échelle consistant à escamoter les corps et dissimuler les preuves.