Tchad. Saleh Kebzabo, opposant au défunt Idriss Déby, nommé Premier ministre
Saleh Kebzabo, opposant historique au président Idriss Déby Itno, a été nommé mercredi Premier ministre du Tchad, premier acte d’une nouvelle période de transition de deux ans confiée à Mahamat Déby Itno, au pouvoir depuis 2021.
M. Kebzabo, 75 ans, ancien journaliste, quatre fois candidat à la présidentielle contre feu le maréchal Déby, « est nommé Premier ministre », lit-on dans un décret signé par le chef de l’Etat.
Le parti de M. Kebzabo avait déjà rallié il y a 18 mois le gouvernement nommé par la junte militaire dirigée par le jeune général Mahamat Déby.
Le 20 avril 2021, à l’annonce de la mort du maréchal Déby, tué par des rebelles en se rendant au front, l’armée avait proclamé son jeune fils le général Mahamat Déby, 37 ans, Président de la République à la tête d’une junte de 15 généraux, pour une période de transition de 18 mois devant mener à des élections « libres et démocratiques ».
Mais lundi, il a été investi à nouveau chef de l’Etat pour une transition prolongée de deux ans, sur proposition d’un Dialogue national censé réunir toutes les composantes de la société tchadienne ainsi que la rébellion mais boycotté par une très grande majorité de l’opposition politique et armée.
Mahamat Déby s’était engagé lundi à nommer « dans les tout prochains jours » un « gouvernement d’union nationale ».
Après sa nomination, M. Kebzabo a promis d' »accompagner » le chef de l’Etat « dans une grande oeuvre (..) les deux prochaines années pour la transition politique », en répondant à des questions de journalistes devant son domicile.
M. Kebzabo, après avoir été l’un des opposants les plus vindicatifs durant les dernières années du régime de Déby père, lequel a régné 30 années durant d’une main de fer sur le Tchad, avait reconnu rapidement l’autorité de son fils.
Deux cadres de son parti, l’Union Nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR), avaient rejoint en mai 2021 le premier gouvernement de transition nommé par la junte.
Mahamat Déby avait nommé M. Kebzabo vice-président du comité d’organisation du Dialogue National Inclusif et Souverain (DNIS), vivement critiqué par une grande partie de l’opposition et parmi les principaux mouvements rebelles.
Ces derniers lui reprochent d’avoir prolongé la transition samedi, maintenu Mahamat Déby à la tête de l’Etat et, surtout, de lui avoir permis de se présenter à la présidentielle dans deux ans, contrairement à un engagement pris devant la communauté internationale.
L’opposition, qui dénonçait un « coup d’Etat constitutionnel » en avril 2021 –à l’unisson d’ailleurs du parti de M. Kebzabo à ce moment–, considère que le DNIS a perpétué samedi « la dynastie Déby » au pouvoir.
M. Kebzabo, député, a été plusieurs fois ministre de M. Déby –des Affaires étrangères notamment — dans les années 1990 quand son parti a signé un accord de gouvernement avec celui du président, avant de claquer la porte en 1996.
Il a ensuite été quatre fois candidat à la présidentielle, 1996, 2001, 2008 et 2016. L’opposant avait retiré sa candidature quelques jours avant le scrutin de 2021 qu’il avait appelé à boycotter en raison de l’invalidation d’autres candidats et la répression de manifestations de l’opposition.