TotalEnergies en tête des nouveaux projets pétrogaziers en Afrique, dénoncent des ONG
Le groupe français TotalEnergies est l’entreprise la plus impliquée dans le développement de nouvelles réserves d’hydrocarbures en Afrique, dénonce un rapport d’ONG mardi.
Les plus gros développeurs de nouveaux champs pétroliers et gaziers devant produire avant 2030 sur le continent sont dans l’ordre TotalEnergies, l’algérien Sonatrach et la major italienne ENI, selon un rapport publié par l’ONG allemande Urgewald et de nombreuses autres associations.
« Les nouvelles ressources que TotalEnergies prévoit d’apporter à court terme atteignent 2,27 milliards de barils équivalent pétrole: cela équivaut à environ trois années d’émissions nationales de CO2 pour la France », a souligné Heffa Schücking, directrice d’Urgewald, devant des journalistes à la COP27 en Egypte.
Au total, diverses entreprises prévoient d’ajouter au moins 15,8 milliards de barils dans leurs portefeuilles africains avant 2030. L’extraction et la combustion de ces ressources relâcheraient 8 gigatonnes de CO2 dans l’atmosphère – soit plus de deux fois ce que l’UE émet chaque année, selon les auteurs du rapport.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime qu’il faut cesser tout investissement dans des nouveaux projets de production d’énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone.
Mais la crise énergétique causée par l’invasion russe de l’Ukraine a alimenté une ruée vers de nouvelles ressources. L’Europe en particulier lorgne le potentiel gazier de l’Afrique pour remplacer ses approvisionnements qui venaient de Russie.
Le rapport des ONG souligne aussi les projets de nouvelles infrastructures comme l’oléoduc géant EACOP porté par TotalEnergies en Afrique de l’Est, très critiqué pour son impact environnemental et ses conséquences sur les droits humains.
Avec d’autres méga-projets comme celui d’ExxonMobil dans le gaz naturel liquéfié (GNL) au Mozambique ou celui d’Equinor en Tanzanie, ces infrastructures risquent de « verrouiller les émissions fossiles pendant des décennies » et priver les pays concernés de l’opportunité de se « construire un avenir dans les renouvelables », indique le rapport.
« Ces projets ne sont pas destinés au continent mais pour l’exportation, c’est pourquoi ils sont fondés sur l’exploitation et sont aussi par bien des aspects coloniaux », a dénoncé Omar Elmawi, coordinateur de la campagne Stop EACOP.
Le rapport note aussi le rôle des fonds et banques dans les investissements vers ces nouveaux projets fossiles en Afrique, souvent malgré des engagements affichés à la neutralité carbone.
Les banques Citigroup, JPMorgan et BNP Paribas figurent ainsi sur le podium. « Elles n’investissent pas dans un monde à 1,5°C mais dans un monde à 3°C », a dénoncé Heffa Schücking.