La Côte d’Ivoire et le Ghana défient les industriels du chocolat
Les producteurs de cacao de Côte d’Ivoire et du Ghana ont du mal à faire des bénéfices. En cause, les industriels et fabricants de chocolat qui continuent de sous évaluer le prix des récoltes.
Les autorités ghanéennes et ivoiriennes somment désormais les multinationales du cacao de verser la prime promise aux agriculteurs.
Venance Brou Kouadio, producteur de cacao estime que cette baisse des tarifs s’apparente à du vol: « Les primes que vous devez nous donner, on ne les reçoit pas donc c’est comme du vol. Vous nous volez. Les grands groupes nous volent. Ils ne respectent pas les contrats et ils ne nous respectent pas, ils ne respectent pas les planteurs. »
Le Ghana et la Côte d’Ivoire représentent à eux deux plus de 60% de la production mondiale des fèves de cacao. Les deux pays sont engagés dans une lutte contre la paupérisation de leurs cultivateurs, en faisant pression sur les multinationales du chocolat qui contournent le différentiel de revenu décent (DRD)
« Je suis en colère. Je suis en colère, parce que les agriculteurs travaillent mais quand le gouvernement fixe le prix du kilo de cacao, les acheteurs sur le terrain ne respectent pas ce prix. Les planteurs que nous sommes, ne gagnent pas d’argent, alors que le coût de la vie a augmenté. » , s’insurge Apolline Yao Ahou, agricultrice dans la plantation de Bringakro.
Si les multinationales ne respectent pas leurs engagements, la Côte d’Ivoire et le Ghana menacent de « suspendre les programmes de durabilité », visant à lutter contre la déforestation et le travail des enfants, et permettant aux industriels de faire valoir un chocolat issu d’une production durable, critère privilégié par le consommateur.
Plusieurs multinationales, comme Barry Callebaut, Olam, Cargill, Ecom, Sucgen, Nestlé ou Touton dominent le marché ivoirien et achètent la quasi-totalité de la production de cacao du pays dont plus de 80% est acheminée vers l’Europe.
La World cocoa foundation, qui regroupe les entreprises du chocolat et du cacao n’a pas souhaité commenter. Mais certains industriels, comme Nestlé, assurent faire leur part.
« Nous pensons que les producteurs de cacao devraient gagner un revenu qui leur permette de maintenir un niveau de vie décent (…) Nestlé paye le DRD depuis sa création en Côte d’Ivoire et au Ghana », explique un porte-parole du groupe.
D’ici 2024, une réglementation européenne devrait empêcher l’entrée dans l’UE de tout cacao issu de la déforestation.
(avec AFP)