Au moins 50.000 migrants morts ou disparus dans le monde depuis 2014 (OIM)
Au moins 50.000 décès ont été enregistrés sur les différentes routes migratoires du monde depuis 2014, a indiqué mercredi une agence des Nations Unies, relevant que plus de la moitié de ces décès (29.000) sont survenus sur les routes vers et en Europe, dont 25.000 pour la seule mer Méditerranée.
Mais pour l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), si ce chiffre « est emblématique de la crise persistante de la migration non sécurisée dans le monde, ces décès ne représentent qu’une fraction du véritable total ». Aucun État ne publie actuellement de chiffres sur les décès de migrants ou exilés en quête de sécurité.
« Sur les 51.194 personnes enregistrées dans la base de données du Projet Migrants disparus depuis 2014, plus de 30.000 personnes sont répertoriées avec une nationalité inconnue, non précisée ou présumée », a souligné l’OIM. Cela veut dire que plus de 60% des personnes qui meurent sur les routes migratoires ne sont toujours pas identifiées.
Parmi les personnes dont le pays d’origine a été identifié, plus de 9.000 étaient originaires de pays africains, 6.500 de pays asiatiques et plus de 3.000 de pays d’Amérique.
Sur les données compilées le 15 novembre 2022, les dix premiers pays d’origine connus sont : Afghanistan (1.795), Myanmar (1.467), Syrie (1.118), Ethiopie (867), Mexique (755), Maroc (702), Algérie (653), Venezuela (494), Guatemala (463) et Haïti (451).
L’Europe est la destination migratoire connue la plus meurtrière
Plus de 8.700 personnes sont mortes ou ont disparu sur des routes migratoires non identifiées depuis 2014. Selon l’OIM, cela indique que s’il est nécessaire de disposer de davantage de ressources pour suivre les décès de migrants sur tous les itinéraires.
« Il est particulièrement important de cibler les régions qui manquent de ressources, car les décès sont moins susceptibles d’être documentés dans les régions où les risques de la migration sont moins connus », a fait valoir l’agence onusienne basée à Genève.
Plus de la moitié des décès documentés au cours de la migration depuis 2014 se sont produits en Europe ou en route vers l’Europe, avec 29.126 décès ou disparitions enregistrés en Europe et à ses frontières extérieures sur les routes maritimes de la Méditerranée et de l’Atlantique. Cela inclut également les morts recensés au niveau des frontières terrestres telles que la frontière entre la Grèce et la Turquie.
Ce chiffre fait de l’Europe la destination migratoire connue la plus meurtrière. Parmi les morts et les disparus pour lesquels l’OIM dispose d’informations, au moins 1.000 enfants, plus de 2.500 femmes et plus de 3.700 hommes sont morts en tentant de rejoindre l’Europe.
De nombreux décès sur la route Afrique de l’Ouest et l’océan Atlantique
Les itinéraires européens comptent le plus grand nombre et la plus grande proportion de personnes dont les corps n’ont pas été retrouvés, avec au moins 16.000 personnes disparues et présumées mortes en mer sur les itinéraires vers et dans l’Europe. En fait, cela signifie qu’au moins une personne sur deux perdue sur les routes migratoires européennes n’a pas été retrouvée et n’a pas été identifiée.
Alors que les plus de 25.000 décès documentés lors des traversées de la Méditerranée restent les itinéraires les plus meurtriers connus, toutes années confondues, l’augmentation de ces dernières années est en grande partie due aux nombreux décès sur la route Afrique de l’Ouest-Atlantique. Selon l’OIM, cette traversée maritime est empruntée principalement par les Africains de l’Ouest et du Nord qui tentent de rejoindre les îles Canaries en Espagne.
Près de 1.600 décès ont été documentés depuis 2021 sur cette route, soit plus de la moitié du total de 2.900 décès recensés. « Sur toutes les routes maritimes vers l’Europe, les « naufrages invisibles » – dans lesquels aucune recherche et aucun sauvetage n’est effectué et aucune dépouille n’est jamais retrouvée – sont incroyablement difficiles à vérifier et, par conséquent, le nombre de décès sur ces routes est presque certainement sous-estimé », a précisé l’OIM.
La traversée du désert du Sahara reste la route la plus meurtrière connue en Afrique
Les décès aux frontières terrestres de l’Europe sont moins médiatisés mais représentent néanmoins plus de 1.000 vies perdues. Les vies perdues lors du passage des frontières vers l’Union européenne représentent plus de la moitié (534) de ce total, dont 280 dans les Balkans occidentaux et 254 à la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie.
Le rapport de l’OIM montre aussi que plus de 9.000 décès ont été recensés en Afrique, ce qui en fait la deuxième région connue la plus meurtrière pour les personnes en déplacement. Les migrations à travers l’Afrique sont très disparates, tout comme les sources d’information sur les décès pendant la migration, ce qui signifie que le nombre de morts est très probablement sous-estimé.
Par exemple, une enquête sur les ménages menée par l’Agence centrale des statistiques éthiopienne en 2021 a estimé que plus de 51.000 ressortissants éthiopiens sont des migrants disparus, dont 16,5% – soit environ 8.430 personnes – étaient connus par leur famille pour être morts.
La route la plus meurtrière connue en Afrique est la traversée du désert du Sahara, avec plus de 5.600 vies connues depuis 2014, bien que d’autres rapports font état de beaucoup plus de disparitions par rapport à ce qui est actuellement enregistré. Par exemple, plusieurs études indiquent que les personnes qui transitent par le désert du Sahara tombent souvent de l’arrière de camions surchargés – ou sont même jetées par crainte de propager des maladies – et sont abandonnées dans des zones extrêmement reculées.