Tunisie: l’Union africaine condamne les déclarations « choquantes » sur les migrants
L’Union africaine (UA) a dénoncé les propos du président tunisien concernant les migrants d’Afrique subsaharienne et a appelé les États membres à « s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste, susceptible de nuire aux personnes ».
Le ministère tunisien des Affaires étrangères a rejeté samedi ces « accusations sans fondement » dans un communiqué.
Le président Kais Saied avait appelé mardi à des « mesures urgentes » contre l’immigration clandestine de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, affirmant que leur présence en Tunisie était source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables », des propos qui ont été condamnés par des ONG.
Au cours d’une réunion, il a également parlé d' »hordes de migrants clandestins » et a souligné « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration.
Le Président de la Commission de l’Union Africaine @AUC_MoussaFaki condamne fermement les déclarations raciales sur des compatriotes Africains en #Tunisie.https://t.co/8ONjreqjHd pic.twitter.com/GPHuQChJgx
— African Union (@_AfricanUnion) February 25, 2023
Dans un communiqué publié vendredi, le président de la commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, « condamne fermement les déclarations choquantes faites par les autorités Tunisiennes contre des compatriotes Africains, qui vont à l’encontre de la lettre et de l’esprit de notre Organisation et de nos principes fondateurs ».
Il « rappelle à tous les pays, en particulier aux États membres de l’UA, qu’ils doivent honorer les obligations qui leur incombent en vertu du droit international (…), à savoir traiter tous les migrants avec dignité, quelle que soit leur provenance, s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste, susceptible de nuire aux personnes, et accorder la priorité à leur sécurité et à leurs droits fondamentaux ».
M. Mahamat a également affirmé « l’engagement de la commission à soutenir les autorités tunisiennes dans la résolution des problèmes de migration afin de rendre la migration sûre, digne et régulière ».
Le ministère tunisien des Affaires étrangères a exprimé son regret face à une « confusion injustifiée et incompréhensible » dans la déclaration de l’UA entre les migrants légaux et « les groupes illégaux qui se livrent au trafic d’êtres humains (…) et exploitent (les migrants) à des fins criminelles ».
Le chef de la diplomatie tunisienne Nabil Ammar a rencontré vendredi des ambassadeurs de pays africains qui ont exprimé « leur souci de respecter les lois tunisiennes relatives à l’immigration », selon le communiqué.
La diplomatie tunisienne a également affirmé « l’engagement des autorités à protéger les résidents étrangers de toutes les nationalités ».
Dans un autre communiqué publié vendredi, l’Ambassade du Mali en Tunisie a exprimé « la plus grande préoccupation quant à la situation des Maliens » dans le pays. Elle a invité ses ressortissants « à rester calmes et vigilants » et a demandé « à ceux qui le souhaitent de s’inscrire pour un retour volontaire ».