Triple scrutin en Mauritanie à un an de la présidentielle
Les Mauritaniens ont voté samedi pour renouveler leur Assemblée nationale, conseils régionaux et conseils municipaux dans un triple scrutin test pour le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à un an de la présidentielle.
Ces élections sont les premières depuis que le président Ghazouani a pris en 2019 la tête de ce vaste pays d’Afrique de l’Ouest reconnu comme l’un des rares pôles de stabilité au Sahel, région troublée par les attaques jihadistes.
Les portes des bureaux de vote ont commencé à fermer à 19H00 (locales et GMT) mais certains sont restés ouverts bien après pour permettre à tous les électeurs arrivés juste avant l’heure de fermeture de glisser leur bulletin dans l’urne, a constaté un journaliste de l’AFP. Le dépouillement a ensuite pu débuter.
Les résultats officiels des élections pourraient être communiqués dans les 48 heures.
Un second tour est prévu le 27 mai pour la moitié des 176 sièges de l’Assemblée, deux systèmes ayant cours en fonction du type de circonscription.
Vingt-cinq formations se disputaient les élections législatives. Le parti de la majorité présidentielle, El Insaf, part largement favori puisqu’il est le seul à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions.
Les présidents mauritaniens ont toujours compté sur une forte majorité à l’Assemblée depuis l’instauration du multipartisme en 1991.
M. Ghazouani, 66 ans, général considéré comme l’un des grands artisans de la réussite mauritanienne face au jihadisme depuis 2011 dans ses anciennes fonctions de chef de l’armée, s’est gardé de s’exprimer sur l’éventualité de briguer un second mandat. Mais sa candidature est considérée comme une évidence en Mauritanie.
« Les hommes politiques ont dit leur mot durant la campagne électorale , il appartient maintenant aux citoyens de dire le leur à travers les urnes », a-t-il déclaré après avoir voté en début de matinée à Nouakchott.
Le chef de l’État mauritanien a aussi affirmé que « toutes les conditions matérielles et humaines ont été données aux concitoyens pour s’exprimer librement et de façon transparente », selon des propos rapportés par l’agence officielle.
Face au camp présidentiel, le parti islamiste Tawassoul va chercher à conforter sa place de premier parti d’opposition à l’Assemblée nationale, une place que lui convoite le parti Sawab, d’obédience nationaliste arabe, qui profite d’une alliance avec le militant Biram Dah Abeid, deuxième de la dernière présidentielle et à la tête d’une ONG dénonçant la poursuite de l’esclavagisme en Mauritanie.
« C’est bien sûr le sens du devoir qui m’amène. Notre devoir est de contribuer au développement de la démocratie. Le développement et la paix en dépendent », a déclaré à l’AFP Mohamed Ould Cheikh, un agent minier de 30 ans, à l’ouverture des bureaux de vote.
« Je réponds à un devoir, celui de permettre d’ouvrir de nouvelles opportunités pour la jeunesse », a affirmé El-Khadir Lamine, un étudiant de 18 ans qui a voté pour la première fois. Une des nouveautés du scrutin est une liste pour choisir des jeunes candidats de moins de 35 ans. Onze sièges leur seront attribués d’office à l’Assemblée nationale.
De grandes files se sont formées dans la matinée devant les bureaux de vote de quartiers populaires Teyarett et Ksar de Nouakchott, où les partis ont réussi à beaucoup mobiliser.
Sidelmoustaphe Ould Ntilitt, la quarantaine, a lui voté pour « le changement dans la stabilité » , espérant que le « nouveau Parlement insuffle un sang nouveau dans la gestion du pays ». Issa Habib Fall, 29 ans, espère aussi « le changement ». « Nous sommes pauvres malgré nos immenses richesses », estime-t-il.
Peu d’incidents ont été rapportés dans la journée. Un chef de bureau de vote à Boutilimitt (250 km à l’est de Nouakchott) a été démis à la suite de « plaintes contre lui exprimées par certaines forces politiques locales », a cependant indiqué la commission électorale à l’AFP.
La campagne s’est déroulée dans un climat apaisé. Un dialogue entre l’opposition et le pouvoir en début d’année a permis d’aboutir à un consensus sur l’organisation des scrutins.
Après un ralentissement économique dû à la pandémie de Covid-19 puis la guerre en Ukraine, M. Ghazouani s’est fixé la lutte contre la pauvreté comme l’une de ses priorités. La hausse du coût de la vie est l’une des préoccupations principales des électeurs.