Sénégal. Le khalife général des mourides en démineur de la crise
Même pour un président, le khalife général des mourides ne se déplace jamais, il faut venir à lui. Macky Sall s’est plié à la tradition. De nuit, dans la plus grande discrétion, le chef de l’Etat sénégalais s’est rendu dans la ville sainte de Touba, située à quelque 180 kilomètres de la capitale, pour rencontrer Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, le chef de l’influente confrérie des mourides, lundi 5 juin.
« Lorsqu’il y a un problème, soit le khalife général appelle le chef de l’Etat, soit le président voyage à Touba », explique Mor Daga Sylla, l’un des membres de la confrérie mouride. Le président et le puissant chef religieux ont passé une heure en tête-à-tête, dont rien n’a officiellement filtré. « Ils ont fait un point sur la situation politique actuelle, sur les récentes émeutes la stabilité du pays. On peut espérer un retour de la paix définitive au Sénégal », ajoute M. Sylla.
Après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme le 1er juin, au moins seize civils sont morts lors d’affrontements avec les forces de l’ordre.
Touba est un passage obligé pour tout homme politique ambitieux. En temps de crise, « vous ne pouvez pas imaginer ce qui se règle dans les salons des marabouts entre politiques. Ce sont devenus des espaces incontournables de négociation », analyse Bakary Sambe, qui rappelle qu’il faut prendre en compte les rôles visibles mais aussi « les rôles discrets » de la confrérie. De quoi entretenir le mystère sur la résolution mystique des crises politiques de ce pays.