Egypte. Sissi veut contrôler les naissances face à la pression démographique
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé mardi à « organiser la liberté de faire des enfants » dans le plus peuplé des pays arabes, citant la politique chinoise de l’enfant unique en exemple.
« Il faut 400.000 naissances par an », a plaidé le dirigeant du pays de 105 millions d’habitants, alors que l’Egypte a enregistré près de 2,2 millions de naissances en 2022.
Alors que son ministre de la Santé et de la population, Khaled Abdel Ghaffar, venait d’estimer que « faire des enfants est une liberté totale », M. Sissi est intervenu.
« Je ne suis pas d’accord avec votre idée selon laquelle faire des enfants relève de la liberté totale. Laisser leur liberté à des gens qui potentiellement ne connaissent pas l’ampleur du défi? A la fin, c’est toute la société et l’Etat égyptien qui paiera le prix », a lancé le chef d’Etat, habitué aux longues diatribes devant un parterre d’officiels et souvent de ministres interrompus au cours d’une présentation.
« Il faut organiser cette liberté sinon elle va créer une catastrophe », a encore plaidé M. Sissi, alors que l’Egypte traverse la pire crise économique de son histoire.
« Les Chinois ont pris cette décision en 1968 » et en 2015, Pékin a officiellement abandonné sa politique dite de « l’enfant unique », autorisant tous les couples mariés à avoir un deuxième enfant, « ils ont réussi leur politique de contrôle démographique », a-t-il encore dit.
Le président –qui, selon les observateurs devrait se présenter pour un troisième mandat au printemps 2024– s’en prend régulièrement à la « révolution » de 2011 qui a renversé l’autocrate Hosni Moubarak. De nouveau mardi, il a évoqué ce soulèvement populaire.
« Pourquoi les gens sont-ils sortis en 2011 ? Parce qu’ils estimaient que l’Etat ne pourvoyait pas à leurs besoins, mais ils n’ont pas compris que l’Etat ne pouvait pas, pas parce qu’il ne voulait pas mais parce qu’il n’en avait pas la capacité », a-t-il dit.