Le Burundi ferme à nouveau ses frontières terrestres avec le Rwanda
Le jeudi soir, Martin Ninteretse, ministre de l’Intérieur du Burundi, a annoncé sur la radio nationale, RTNB, la fermeture de toutes les frontières terrestres avec le Rwanda, en qualifiant le président rwandais de « mauvais voisin ».
Lors d’une réunion avec les responsables de la police dans la province de Kayanza, frontalière du Rwanda au nord du Burundi, le ministre a déclaré: « Nous avons un mauvais voisin, Paul Kagame, le Président rwandais. C’est pourquoi nous avons décidé de fermer nos frontières. Nous avons arrêté toutes relations avec lui car il héberge les malfaiteurs qui perturbent le Burundi. »
En réaction, le gouvernement rwandais a qualifié la décision de « malheureuse » et « unilatérale » dans un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi. La porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a regretté que cette décision « restreigne la libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays et viole les principes de coopération régionale et d’intégration de la Communauté d’Afrique de l’Est ».
Il est à noter que le Burundi avait rouvert les frontières avec le Rwanda fin octobre 2022, après les avoir fermées en 2015 en raison d’une crise électorale et d’une tentative de coup d’État au Burundi.
En décembre 2023, lors d’une conférence publique, le président Evariste Ndayishimiye a ouvertement accusé le Rwanda de soutenir les rebelles du mouvement RED-TABARA (résistance pour un état de droit) basés à l’est de la RDC. Cette accusation a été suivie d’une déclaration du président burundais selon laquelle le Rwanda loge, ravitaille et finance ces rebelles, créant ainsi de la tension entre les deux pays.
Cette escalade de tensions entre le Burundi et le Rwanda survient à un moment où le Burundi se prépare à organiser des élections législatives, sénatoriales et collinaires en 2025.
Les relations entre les deux pays voisins de l’Afrique de l’Est ont été tendues depuis 2015, en raison d’une crise politique et sécuritaire née de la contestation du troisième mandat de l’ancien président burundais, Pierre Nkurunziza. Gitega accuse Kigali d’héberger et d’entraîner militairement ses opposants, tandis que le Rwanda accuse le Burundi de collaborer avec les rebelles du mouvement FDLR, accusés d’avoir perpétré un génocide contre les Tutsis en 1994 au Rwanda.