Guinée: la junte gèle les comptes des membres du gouvernement dissous
La junte au pouvoir en Guinée a pris des mesures radicales en ordonnant le gel des comptes bancaires et la confiscation des passeports des membres du gouvernement, suite à la dissolution de ce dernier pour des raisons encore inconnues.
Les militaires, qui ont pris le contrôle par la force en septembre 2021, ont annoncé lundi la dissolution du gouvernement qu’ils avaient mis en place en juillet 2022.
Selon un communiqué lu à la télévision d’État par le général Ibrahima Sory Bangoura, chef de l’état-major, en présence d’une vingtaine d’autres militaires, ils ont également décidé de geler les comptes des membres du gouvernement, de confisquer leurs documents de voyage et tous les véhicules de service, ainsi que de retirer leurs gardes du corps et aides de camp.
Aucune explication n’a été donnée publiquement pour justifier ces mesures ni la dissolution du gouvernement.
La junte guinéenne, tout comme celles qui ont pris le pouvoir dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest depuis 2020, a fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités.
Dans un éditorial de trois minutes, le journal du soir affirme que le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, « réaffirme ainsi son leadership et prouve qu’il reste le seul maître à bord ». Le journal évoque des « moments d’adversité » sans plus de détails et compare le général Doumbouya aux « grands dirigeants d’antan ».
Des tensions ont été signalées récemment entre les membres du gouvernement. La capitale Conakry a connu début février une rare manifestation de contestation sous le régime de la junte.
Celle-ci a interdit toute manifestation et réprimé l’opposition, qui est largement réduite à l’impuissance. Le pays connaît depuis des semaines de sévères restrictions d’accès à internet, et la junte a pris des mesures contre un certain nombre de médias.
Sous la pression internationale, la junte a accepté de céder le pouvoir à des civils élus d’ici fin 2024, affirmant avoir besoin de ce délai pour mener à bien des réformes profondes.