Soudan. La population « piégée dans un enfer » de violences, dénonce l’ONU
La population du Soudan est « piégée dans un enfer » de violences, auquel s’ajoute un risque de famine accrue par la saison des pluies et les entraves à l’accès de l’aide, a insisté mercredi la coordinatrice humanitaire de l’ONU dans le pays.
« Après plus d’un an de conflit, la population du Soudan est piégée dans un enfer de violence brutal, la famine se rapproche, les maladies se rapprochent, les combats se rapprochent et il n’y a aucune issue en vue », a déclaré Clémentine Nkweta-Salami lors d’une conférence de presse. « Nous avons seulement six semaines avant la saison de soudure où la nourriture devient moins disponible et plus chère », a-t-elle noté, rappelant que plus de 4 millions de personnes sont au seuil de la famine.
« Et cela coïncide avec deux autres échéances: le début de la saison des pluies où atteindre la population dans le besoin devient encore plus difficile, et la fin de la saison des plantations qui pourrait échouer si nous n’arrivons pas à fournir des graines aux fermiers », a-t-elle insisté. « En bref, la population du Soudan est sur la voie d’une +tempête parfaite+ de plus en plus mortelle chaque jour ».
Dans ce contexte, elle a dénoncé « les obstacles inacceptables auxquels font face les organisations humanitaires, à tout bout de champ ». Elle a donné l’exemple d’un convoi d’une douzaine de camions de l’ONU chargé de matériel médical et d’aide alimentaire parti le 3 avril de Port-Soudan, et toujours pas arrivé à sa destination, la capitale de l’Etat du Darfour-Nord, el-Facher, en raison « de l’insécurité et des délais pour obtenir la permission de passer aux checkpoints ».
La ville d’el-Facher, ancienne plaque tournante humanitaire jusqu’alors relativement épargnée, est depuis quelques jours le théâtre d’affrontements entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Dagalo. « La ville entière est en danger », a insisté Clémentine Nkweta-Salami, s’inquiétant du sort de 800.000 civils.
Sans ce conflit, qui a commencé le 15 avril 2023, l’ONU aurait prépositionné de l’aide au Darfour avant la saison des pluies. Mais les « réserves ont été pillées et nous n’avons jamais pu refaire les stocks au même niveau » depuis le début de la guerre, a-t-elle noté.