Madagascar gravement touchée par le trafic d’espèces sauvages
Madagascar, célèbre pour sa biodiversité unique et ses écosystèmes exceptionnels, attire des visiteurs du monde entier. Cependant, ce paradis écologique est menacé par un grave problème : le trafic d’espèces sauvages.
En tant que quatrième plus grande île du monde, Madagascar est le théâtre d’un commerce illicite qui met en péril des animaux menacés d’extinction, tels que les lémuriens, les tortues radiées et les caméléons.
Les lémuriens, symboles de l’île, sont particulièrement prisés sur les marchés asiatiques et souvent vendus comme animaux de compagnie. Les tortues radiées, également victimes de ce trafic, sont recherchées par des réseaux criminels sophistiqués en raison d’une demande internationale croissante. Début mai, la douane malgache a arrêté un ressortissant étranger à l’aéroport d’Ivato, dans la capitale Antananarivo, alors qu’il tentait d’exporter clandestinement une trentaine d’espèces protégées, y compris des serpents, des caméléons et des tortues radiées.
Cette arrestation fait suite à une autre saisie importante en Thaïlande, où plus de 1.000 tortues radiées et 48 lémuriens malgaches ont été interceptés. Selon la police locale, il s’agissait de la plus grande saisie d’espèces sauvages en une seule opération. Malheureusement, ces incidents ne représentent que la partie visible de l’iceberg. Les données du Fonds mondial pour la nature (WWF) montrent que 64% des espèces protégées saisies mondialement entre 2005 et 2020 proviennent de Madagascar.
L’ONG souligne que Madagascar est l’un des pays les plus riches en biodiversité, avec 80% d’espèces endémiques. Cependant, elle avertit que la faune sauvage de l’île disparaît rapidement en raison du braconnage. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a également exprimé ses préoccupations, indiquant que le trafic de tortues radiées pourrait conduire à leur extinction d’ici 2050. De son côté, le réseau de surveillance «Traffic» indique que le braconnage est la deuxième menace pour la biodiversité malgache, après la déforestation.
Plusieurs facteurs contribuent à ce commerce illégal, notamment la pauvreté et le chômage, qui poussent de nombreux Malgaches à se tourner vers la chasse illégale. La corruption et les lacunes dans la surveillance facilitent également les activités des trafiquants.
Le directeur général des douanes, Ernest Lainkana Zafivanona, a récemment reconnu les faiblesses de la surveillance côtière à Madagascar, nécessitant des améliorations pour contrôler les 5.000 kilomètres de côtes du pays.
De même, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Max Andonirina Fontaine, a souligné le manque de ressources humaines et matérielles pour couvrir le territoire, ce qui facilite le transport illégal des animaux sauvages.
Les conséquences de ce trafic sont désastreuses. La disparition de ces espèces perturbe les écosystèmes et nuit au potentiel touristique de Madagascar, privant le pays de précieuses sources de revenus. Le trafic d’espèces sauvages à Madagascar représente ainsi une crise écologique complexe nécessitant une action immédiate et concertée. La protection de la biodiversité unique de l’île est essentielle pour l’équilibre des écosystèmes ainsi que pour l’avenir économique et culturel du pays.