Niger- Bénin. Niamey subit les conséquences de la fermeture de la frontière
Lors d’une rencontre mardi avec des opérateurs économiques nigériens, le Premier ministre du Niger, Ali Mahamane Lamine Zene, a exhorté ceux ayant des marchandises au port de Cotonou à les retirer.
Il a conseillé : « Si vous avez des conteneurs au Bénin, envoyez-les au Togo, » ajoutant que toutes les autres frontières, notamment celles avec le Tchad, l’Algérie et la Libye, sont désormais accessibles.
Justifiant la décision de maintenir la fermeture de la frontière avec le Bénin, Ali Mahamane Lamine Zene a évoqué la présence de « soldats non béninois » au Bénin. Selon lui, ces soldats opèrent depuis cinq points, avec une base importante et dangereuse où ils entraînent des terroristes.
Lors d’une conférence de presse le 11 mai, le Premier ministre nigérien a affirmé qu’il s’agit de soldats français expulsés du Niger et maintenant installés à la frontière entre le Bénin et le Niger.
Par ailleurs, les autorités béninoises ont fermé mercredi une voie de contournement utilisée par les populations béninoises et nigériennes pour traverser la frontière fermée, souvent à l’aide de pirogues.
Depuis les sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre le Niger en juillet dernier, la frontière terrestre avec le Bénin reste fermée.
Récemment, en réponse à la persistance de cette fermeture, le Bénin avait bloqué l’embarquement du pétrole brut nigérien depuis le port de Sèmé. Cette mesure a été levée grâce à une médiation de la société chinoise CNPC, qui commercialise le pétrole nigérien sur le marché international.
Pour rappel, 80 % des importations nigériennes passent par le Bénin. Lorsque ces importations ont été bloquées, il y a eu des pénuries de produits pharmaceutiques et de première nécessité, ce qui a gravement affecté l’économie du Niger.
Bien que l’impact précis sur le port de Cotonou et l’économie béninoise reste incertain, il est clair que le taux de croissance du pays a ralenti. Le Fonds Monétaire International prévoyait un taux de croissance de 6 % en 2023, mais l’a révisé à 5,4 %, en partie à cause de la fermeture de la frontière avec le Niger, selon un communiqué publié fin octobre 2023.
Du côté nigérien, les autorités ont tenté de trouver une solution en adoptant des réformes pour alléger les taxes et impôts sur les importations, dans le but de réduire les coûts pour les commerçants et de permettre la vente des produits à des prix abordables, explique l’économiste Soly Abdou.