Crise des inondations en Afrique de l’Ouest : des millions de personnes touchées
De graves inondations provoquées par une saison des pluies particulièrement intense cet été en Afrique centrale et de l’Ouest ont déclenché une crise humanitaire qui a fait des centaines morts, des millions de sinistrés et des dizaines de milliers de déplacés.
L’été 2024 a été le plus chaud jamais mesuré sur la planète, où les records de température s’enchaînent sans faiblir depuis plus d’un an, avec son cortège de canicules, de sécheresses ou d’inondations meurtrières alimentées par un réchauffement climatique sans répit.
Depuis juillet, les pluies diluviennes ont fait 1,5 million de sinistrés et tué 341 personnes au Tchad, selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha).
« Les 23 provinces du pays sont actuellement touchées par la crise des inondations, qui est devenue de plus en plus récurrente ces dernières années », selon ce bilan du 3 septembre qui fait état de « 164.079 maisons détruites, 259.000 hectares de champs détruits et 66.700 têtes de bétail emportées ».
Les communautés de réfugiés dans l’est du pays sont particulièrement vulnérables avec plus de 40.000 réfugiés touchés, selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Au Niger, les pluies ont fait au moins 273 morts et 700.000 sinistrés depuis juin, selon des chiffres publiés début septembre par les autorités.
En tout, l’ONG Save the Children dénombre 649.184 déplacés.
Les inondations ont dévasté des infrastructures (routes, terres agricoles), détruit près de 50.000 maisons et perturbé l’éducation de plus de 39.000 enfants, selon le HCR, en particulier dans le sud du pays où vivent un grand nombre de déplacés.
Au Nigeria, 29 des 36 Etats du pays, majoritairement situés dans le nord, ont été concernés par la montée des eaux du fleuve Niger et son affluent, la Bénoué, les deux plus grands cours d’eau du pays. Depuis mi-juillet, plus de 600.000 personnes sont affectées, selon le HCR.
Au moins 200 personnes sont mortes et plus de 225.000 ont été déplacées, dont beaucoup avaient déjà été déracinées par les conflits et le changement climatique.
« Plus de 115.265 hectares de terres cultivées ont aussi été endommagés », précise l’organisation, qui cite des données du gouvernement nigérian et estime qu' »un enfant sur six a fait face à la faim entre juin et août cette année – une augmentation de 25% par rapport à la même période l’année dernière ».
Plus à l’est, au Soudan et au Soudan du Sud, les inondations ont fait des dizaines de morts et délogé 1,2 million de personnes, selon les Nations unies.
Le Soudan du Sud, pays parmi les plus pauvres du monde, affronte les pires inondations depuis des dizaines d’années. Elles ont touché « plus de 710.000 personnes dans 30 des 78 comtés » du pays, selon un bilan de l’Ocha du 5 septembre.
« Ces inondations ont détruit ou considérablement endommagé des maisons, des récoltes et des infrastructures cruciales, perturbant le système éducatif et les services de santé et augmentant le risque d’épidémies », alerte cet organisme.
Au Soudan, des inondations touchent chaque année le pays, mais la guerre entre généraux rivaux qui dure depuis plus de 16 mois a poussé des millions de déplacés dans des zones inondables.
L’Ocha estime à plus de 490.000 le nombre de sinistrés, principalement dans le nord et l’est du pays, notamment au Darfour et dans la région de la mer Rouge.
Au moins 132 personnes ont péri, selon un bilan du ministère de la Santé au 26 août. Le HCR dénombrait au 6 septembre plus de 35.000 maisons détruites et près de 45.000 endommagées. Des milliers d’enfants sont menacés par une épidémie de choléra provoquée par les inondations et la stagnation des eaux de crue.