Mozambique. manifestation post-électorale sous tension à Maputo
Une manifestation a été dispersée au gaz lacrymogène lundi dans la capitale du Mozambique, qui a pris des airs de ville morte après un appel à la grève générale lancé par l’opposant Venancio Mondlane pour dénoncer des fraudes lors de la présidentielle, a constaté l’AFP.
Cette manifestation survient deux jours après l’assassinat de deux proches de l’opposant, dont son avocat qui préparait un recours pour dénoncer des fraudes à l’élection du 9 octobre aux résultats définitifs encore non publiés.
Les grandes artères de Maputo, généralement densément embouteillées, étaient désertes dans la matinée.
Des dizaines de manifestants ainsi que de nombreux journalistes ont brièvement défilé le long d’une grande artère avant d’être dispersés par des policiers anti-émeutes lourdement armés, qui ont tiré des grenades lacrymogènes.
« Venancio », comme l’appelle la rue, dépassant la plupart des manifestants d’une tête, a appelé chacun à rentrer chez soi avant de courir aussi se mettre à l’abri.
Candidat à la présidentielle, adossé au parti Podemos, l’ancien animateur radio de 50 ans avait appelé à manifester pour contester les premiers résultats de l’élection montrant le Frelimo, parti au pouvoir depuis 49 ans, en tête.
La tension était à son comble dans la capitale, deux jours après l’assassinat samedi de son avocat Elvino Dias, qui préparait un recours devant la plus haute cour du pays pour dénoncer des fraudes, et d’un responsable de Podemos, Paulo Guambe.
La voiture des deux hommes a été bloquée par deux autres véhicules, dont ont surgi deux assaillants armés qui ont tiré à bout portant une vingtaine de balles, ont rapporté des témoins.
L’Union européenne, l’Union africaine et le secrétariat général de l’ONU ont condamné ces violences et appelé à une enquête rapide.
Dans un communiqué, l’ONU a appelé dimanche « tous les Mozambicains, y compris les dirigeants politiques et leurs sympathisants, au calme et à la retenue ».
Le président de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat s’est dit « profondément préoccupé » lundi par « les cas signalés de violence post-électorale et en particulier les récentes tueries ».
Les commerces de Maputo restaient fermés à la mi-journée et des hélicoptères volaient au-dessus de la capitale d’un million d’habitants.
Les résultats de l’élection présidentielle et législative du 9 octobre doivent être officiellement annoncés cette semaine.
L’an dernier, après les résultats des élections municipales qui donnaient 64 des 65 villes au Frelimo, plusieurs personnes avaient été tuées « accidentellement » par la police dans des manifestations de l’opposition.
Afp