Qu’est-ce qui rend les voyages en avion en Afrique si coûteux ?
Les vols intra-africains figurent parmi les plus chers au monde, une réalité paradoxale qui trouve ses racines dans divers facteurs économiques, tels que le manque de concurrence et les taxes élevées.
Voyager en avion à l’intérieur du continent africain reste inaccessible pour de nombreuses personnes. Alors que certains vols intra-continentaux coûtent parfois plus cher qu’un trajet vers l’Europe, cette situation suscite des interrogations. Par exemple, pourquoi un vol Abidjan-Douala peut-il être plus coûteux qu’un Abidjan-Paris ? Plusieurs raisons expliquent ce phénomène.
Une faible demande, un frein à la concurrence
Le marché des vols intra-africains est freiné par une faible demande. D’après l’Association du transport aérien international (IATA), seulement 8 % des passagers africains prévus en 2024 utiliseront des vols reliant des pays du continent. Ce manque de passagers réduit les marges des compagnies aériennes, limitant ainsi la concurrence, un facteur pourtant clé pour abaisser les tarifs.
De plus, de nombreux Africains privilégient les trajets terrestres, comme le bus, malgré leur durée souvent plus longue. Par exemple, un aller-retour Lomé-Dakar en avion coûte environ 500 000 FCFA, contre moins de 100 000 FCFA en bus. Ce choix renforce l’écart économique entre les modes de transport et fragilise davantage le secteur aérien.
Le kérosène : un fardeau financier majeur
Le carburant représente jusqu’à 40 % du coût d’un billet d’avion en Afrique, contre une moyenne mondiale de 25 %. Ce surcoût résulte principalement du faible nombre de raffineries sur le continent, obligeant les compagnies aériennes à importer du kérosène à des prix élevés.
À cela s’ajoutent des charges supplémentaires, comme la maintenance, les fluctuations des devises et des primes d’assurance élevées, alourdissant encore davantage la facture pour les passagers.
Les intermédiaires : des pratiques qui gonflent les prix
Le marché de la billetterie aérienne en Afrique souffre également de pratiques spéculatives. Certaines entreprises achètent des billets à tarif réduit pour les revendre à des prix bien plus élevés. D’après Marc Gaffajoli, administrateur général d’Afrijet, cette spéculation rend les vols encore moins accessibles pour les voyageurs africains.
Pour contrer ce phénomène, une réglementation stricte des agents de voyage est essentielle. Elle permettrait d’instaurer des prix plus transparents et équitables pour les passagers.
Des taxes excessives dans le collimateur
Face à ce problème, les gouvernements de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) s’efforcent d’agir. Lors d’une récente réunion, les ministres des Transports ont élaboré une feuille de route visant à réduire les taxes jugées excessives par rapport aux recommandations de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Si ces mesures sont mises en œuvre, elles pourraient contribuer à rendre les billets d’avion plus abordables et à encourager les voyages aériens sur le continent.
Source: Jeune Afrique
