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Festival international du film de Marrakech: entre rêve et amour dans un village somalien « aux portes du paradis »

Le film somalien « The village next to paradise » a inauguré, samedi, la compétition officielle de la 21ème édition du Festival international du film de Marrakech, perpétuant ainsi l’esprit d’une manifestation qui mise sur l’exploration d’expériences cinématographiques prometteuses provenant des contrées les plus reculées du monde.

Réalisé par Mo Harawe, fruit des « Ateliers de l’Atlas », le programme industrie de développement de talents du festival, le film qui a remporté le prix à la post-production lors de la dernière édition de ces Ateliers, est un hymne à l’amour, au rêve et à la résistance, au cœur de la misère dans un village somalien en proie à la pauvreté et au désespoir.

L’espace raconte l’histoire avant même les dialogues, une étendue désertique et désolée, une mer vidée par les bateaux de pêche étrangers et une école solitaire fermée faute de financement. En arrière plan, une bande sonore qui capte le vent soufflant sur les visages, le bruit des drones traquant leurs cibles au loin, et une série de chansons locales qui rythment les journées tristes.

Loin d’un drame tragique qui appelle à la compassion, le long-métrage fait le pari de tisser un paradoxe entre le statu quo et une volonté humaine capable de faire naître un rêve au cœur de la crise. Mamargade multiplie les petits boulots pour assurer une vie meilleure à son enfant dans un foyer où vit sa sœur Araweelo, divorcée.

Alors que le père s’enfonce dans le déficit financier lié à ses compétences limitées, des fenêtres sur l’avenir s’ouvrent avec la scolarisation de son fils dans un internat en ville et l’ouverture par la tante d’un petit atelier de couture, symbole de l’autonomie sociale à laquelle elle a toujours aspiré.

Le film, dont la direction photo a été assurée par l’Égyptien Mostafa El Kashef, utilise des cadres soigneusement montés pour façonner l’espace rural typique somalien, en s’appuyant sur des gros plans pour saisir l’action du temps sur les visages et les émotions qui se cachent derrière le silence.

Le jeune réalisateur s’est dit très reconnaissant du soutien apporté par le programme des Ateliers de l’Atlas dans le cadre du Festival international du film de Marrakech, une expérience importante qui a fait mûrir le projet.

Dans une déclaration à la MAP, il a affirmé que le film a présenté un grand défi durant les trois mois de tournage, notant qu’il s’agit de son premier long métrage entièrement tourné en Somalie, un défi stimulant sur le plan créatif.

L’espoir est une garantie de survie dans des situations comme celle que la Somalie a vécue, a-t-il indiqué, ajoutant que loin d’être une représentation statique de la situation difficile dans le pays, son film braque les projecteurs sur la façon dont les gens pensent pour améliorer leur vie.

Mo Harawe, écrivain et réalisateur somalo-autrichien né à Mogadiscio, a étudié la communication visuelle et le cinéma à la Kunsthochschule Kassel. Avant The Village Next to Paradise, son premier long métrage, il a réalisé des courts métrages : Life on the Horn (2022), qui a obtenu une mention spéciale au Festival du film de Locarno, et Will My Parents Come to See Me (2022), qui a été nommé pour un Prix du cinéma européen (EFA), a remporté le Grand Prix au Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand et a été nommé Meilleur court métrage aux Prix du film allemand et aux Prix du cinéma autrichien.

Lors de cette édition, quatorze longs métrages sont en lice pour décrocher « l’Étoile d’Or » dans le cadre de la compétition officielle.

Il s’agit de « La Mer au Loin » de Saïd Hamich Benlarbi (Myanmar, Singapour, France, Norvège, Corée du Sud, Qatar), « Soudan, souviens-toi » de Hind Meddeb (France, Tunisie, Qatar), « Under the Volcano » de Damian Kocur (Pologne), « The Village Next to Paradise » de Mo Harawe (Autriche, France, Allemagne, Somalie), « The Wolves Always Come at Night » de Gabrielle Brady (Australie, Mongolie, Allemagne), « Bound in Heaven » de Huo Xin (Chine) et « Ma–Cry of silence » de The Maw Naing (Myanmar, Singapour, France, Norvège, Corée du Sud, Qatar).

Concourent également à cette compétition « Perfumed with Mint » de Muhammed Hamdy (Égypte, Qatar, Tunisie, France), « Les Tempêtes » de Dania Reymond-Boughenou (France, Belgique), « One of Those Days When Hemme Dies » de Murat Fıratoğlu (Turquie), « Happy Holidays » de Scandar Copti (Palestine, Allemagne, France, Italie, Qatar), « The Cottage » de Silvina Schnicer (Argentine, Brésil, Espagne, Chili), « Happyend » de Neo Sora (Japon, États-Unis) et « Jane Austen a gâché ma vie » de Laura Piani (France).

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