Côte d’Ivoire: Ouattara pour le retour de Gbagbo et la prison pour Soro
Dans une interview publiée samedi par le quotidien Le Monde, le président ivoirien Alassane Ouattara se dit favorable au retour en Côte d’Ivoire de l’ex-président Laurent Gbagbo après la présidentielle du 31 octobre, mais veut envoyer son ancien allié Guillaume Soro en prison.
« Laurent Gbagbo va rentrer, il n’y a aucun problème (…) je prendrai les dispositions pour qu’il puisse rentrer » dès que son procès devant la Cour pénale internationale (CPI) « sera terminé », déclare M. Ouattara, au pouvoir depuis 2011 et candidat à sa propre succession pour un troisième mandat controversé.
M. Gbagbo, 75 ans, au pouvoir de 2000 à 2010, a été acquitté en première instance de crimes contre l’humanité par la CPI en 2019 après huit ans de détention, et vit à Bruxelles dans l’attente d’un éventuel procès en appel.
Selon ses proches, le pouvoir ivoirien l’empêche de rentrer dans son pays en refusant de lui fournir un passeport, au grand dam de ses partisans qui attendent son retour avec ferveur.
Des proches de M. Gbagbo avaient déposé sa candidature pour la présidentielle, mais celle-ci a été invalidée par le conseil constitutionnel.
« Pour lui ce sera la prison. Il n’y a aucun doute là-dessus. Il mérite la prison à perpétuité pour ce qu’il a fait », déclare M. Ouattara à propos de son ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, brouillé avec lui depuis 2019, et qui vit en exil en Europe.
Condamné par la justice ivoirienne à 20 ans de prison pour détournement de fonds publics, Guillaume Soro, 47 ans, dont la candidature à la présidentielle a aussi été invalidée, est également poursuivi pour « complot et atteinte contre la sécurité de l’Etat », avec une vingtaine de ses partisans.
Dans l’interview, le président Ouattara menace par ailleurs de poursuites les dirigeants de l’opposition, qui ont appelé à « la désobéissance civile » et au « boycott actif » de l’élection présidentielle. Une trentaine de personnes sont mortes depuis le mois d’août dans des violences à travers le pays.
« L’opposition provoque des violences car elle n’a pas d’arguments (…) Tous ceux qui organisent cela vont rendre des comptes (…) quelle que soit l’importance de la personne », déclare M. Ouattara.