L’Afrique, le continent le plus touché par la guerre en 2020
Le groupe de travail « Recherche sur les causes de la guerre » de l’université de Hambourg, a recensé une dizaine de situations de guerre en Afrique en 2020. En plus des conflits historiques, la région du Tigré est une nouvelle plaie ouverte aux conséquences humanitaires désastreuses.
Une dizaine de conflits armés, anciens ou nouveaux, ont pour théâtre le continent africain ce qui en fait la région du monde la plus touchée en 2020. C’est ce qui ressort du rapport du groupe de travail « Recherche sur les causes de la guerre » de l’université de Hambourg.
Le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun sont touchés par des conflits armés dont la source est souvent communautaire, sans oublier les groupes djihadistes qui sévissent dans les vastes étendus du Sahel difficilement contrôlables malgré la présence de contingents militaires étrangers.
L’année 2020 a connu la naissance d’une nouvelle tragédie au Tigré en Ethiopie. Cette région montagneuse se situe au nord de l’Ethiopie et compte environ cinq millions d’habitants. Près de 500 000 habitants peuplent sa capitale Mekelé.
Les autorités régionales du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF) accusent le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed d’avoir progressivement marginalisé la minorité tigréenne (6 % de la population) depuis son arrivée au pouvoir en avril 2018.
Pour défier le pouvoir central, le Tigré a décidé d’organiser ses propres élections, en septembre dernier. Et cela, malgré la décision du pouvoir fédéral de repousser toutes les élections en raison de la pandémie de coronavirus. Depuis, le Premier ministre Addis-Abeba considère illégal le gouvernement régional du Tigré.
Le 4 novembre dernier, l’armée éthiopienne lance une grosse offensive militaire pour reprendre Mekelé qui entrainera dans son sillage le déplacement de plus de 43 000 Ethiopiens qui ont trouvé refuge au Soudan.
Ressources illimitées, conflits interminables
Dans l’Est de la RDC, des groupes rebelles sont accusés d’exploiter des minerais pour se financer. C’est le cas de la région du Kivu en proie aux conflits en 2020, les déchirements internes au sein du plus vaste pays d’Afrique subsaharienne.
La RDC dont le sous-sol regorge de richesses minières : or, cassitérite (étain), diamants, coltan, cobalt, cuivre, wolframite, mais aussi ivoire et bois. Ces minerais précieux attisent les tensions entre de nombreux acteurs (groupes armés, troupes étrangères, « entrepreneurs politico-militaires »), qui luttent tous pour s’en emparer illégalement.
Au Mozambique, au moins 33.000 personnes en une semaine ont fui les violences au nord du Mozambique, ravagé depuis trois ans par une insurrection djihadiste. Ces derniers, ont pris la ville portuaire stratégique de Mocimboa da Praia en août, dans la province stratégique de Cabo Delgado riche en gaz naturel.
« Les ressources jouent toujours un rôle car chaque guerre nécessite du financement. Il faut payer les combattants et acheter des armes », relève l’expert Wolfgang Schreiber.
« Beaucoup concluent que pour ce qui concerne les ressources, elles sont la raison et la cause de la guerre. Nous ne le dirions pas ainsi car les ressources sont une condition parmi d’autres, comme la circulation des armes. Bien sûr, les acteurs font la guerre pour s’enrichir et il n’y a pas que les chefs qui envoient des millions dans des paradis fiscaux ! Il y a également les moins gradés qui vivent des pillages… », ajoute l’expert du groupe de travail « Recherche sur les causes de la guerre » de l’université de Hambourg.