Laurent Gbagbo tacle la justice internationale
L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a affirmé lundi qu’il avait été envoyé en 2011 à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye car « il fallait écarter un homme gênant, un concurrent gênant », lors d’une déclaration devant la presse et des chefs coutumiers.
« La CPI, ce n’était pas sérieux, il fallait écarter un homme gênant, un concurrent gênant, alors on m’a mis là-bas », a déclaré M. Gbagbo à Mama, son village natal, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire.
« Mais je ne regrette pas, parce que si j’étais revenu avec un titre de criminel, c’est vous tous ici qui alliez avoir honte », a ajouté l’ancien président, définitivement acquitté fin mars par la CPI, où il était notamment accusé de crimes contre l’humanité.
« Même les blancs qui ne nous connaissent pas, qui suivent nos petites querelles ici, ont su que je (n’étais) pas un criminel. Moi je fais tout, hein, mais je ne suis pas un criminel », a ajouté Laurent Gbagbo sous les rires de l’assistance.
C’est la première fois depuis son retour en Côte d’Ivoire le 17 juin après dix ans d’absence que l’ex-président ivoirien évoque publiquement son jugement et son acquittement par la CPI.
Plusieurs milliers de personnes lui ont réservé dimanche un accueil triomphal à Mama, dix jours après son retour à Abidjan.
Lundi, il y a rencontré à son domicile des chefs traditionnels venus de tout le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, une région qui est son fief.
Son retour à Mama n’a donné lieu à aucun incident, contrairement à son arrivée à Abidjan, marquée par de nombreux accrochages entre les forces de l’ordre et ses partisans qui voulaient l’accueillir près de l’aéroport.
Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, avait été arrêté en avril 2011 à Abidjan, puis transféré sept mois plus tard à la CPI afin d’y être jugé pour les violences commises à la suite de la présidentielle de fin 2010. Son refus de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara avait provoqué une crise post-électorale sanglante ayant fait 3.000 morts.
Réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé, M. Ouattara a donné son feu vert au retour de Laurent Gbagbo quelques jours après son acquittement par la CPI.