Barrage sur le Nil: l’Egypte rejette le deuxième remplissage démarré par l’Ethiopie
L’Egypte a annoncé lundi avoir été informée par l’Ethiopie du début de la seconde phase de remplissage d’un barrage controversé sur le Nil, une initiative dénoncée par Le Caire et qui risque de faire monter la tension à l’approche d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU jeudi.
Le ministre égyptien de l’Irrigation, Abdel Atti, informé par Addis Abeba du début de la deuxième phase de remplissage, déclare « rejeter fermement (cette) mesure unilatérale », selon un communiqué de son ministère rendu public tard lundi.
Le début de cette deuxième phase du remplissage du barrage « représente une violation des lois et normes internationales qui régulent les projets de construction sur des bassins partagés de rivières internationales », s’indigne-t-il.
Le barrage controversé GERD, construit par l’Ethiopie en amont du Nil, est de longue date l’objet d’un conflit avec l’Egypte et le Soudan qui craignent pour leurs ressources en eau.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir jeudi à ce sujet à la demande de la Tunisie, membre non permanent au Conseil et représentant du monde arabe, au nom de l’Egypte et du Soudan. L’Ethiopie est opposée à cette réunion mais devrait aussi y participer.
Ces dernières semaines, le Soudan et l’Egypte avaient fait parvenir à l’ONU des lettres réclamant une saisine en urgence du Conseil de sécurité.
Dans la sienne, le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, déplorait que les négociations soient dans l’impasse depuis avril et accusait l’Ethiopie d’avoir « adopté une ligne intransigeante par laquelle elle a torpillé l’action menée collectivement pour parvenir à un accord sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance ».
La construction du GERD par l’Ethiopie en amont du Nil a débuté en 2011. En aval du fleuve, l’Egypte et le Soudan réclament un accord avec Addis Abeba sur le remplissage de son réservoir.
L’Ethiopie, qui a dit avoir opéré la première phase de remplissage à l’été 2020, avait annoncé récemment qu’elle procéderait à la seconde phase avec ou sans accord. Ce pays affirme que ce barrage est vital pour répondre aux besoins en énergie de ses 110 millions d’habitants.
Le Soudan espère que le barrage va réguler ses crues annuelles, mais craint des effets néfastes sans accord. L’Egypte, qui dépend du fleuve à 97% pour son approvisionnement en eau, le voit comme une menace pour ses ressources.