Guinée : la junte autorise le retour de Konaté et Dadis Camar
La junte au pouvoir en Guinée vient d’autoriser les ex-chefs d’État Sékouba Konaté et Moussa Dadis Camara, qui vivent tous deux à l’étranger, à séjourner en Guinée pour raison « humanitaire« . Le 28 septembre 2009, des militaires avaient massacré au moins 157 personnes et violé 109 femmes dans un stade sous le régime de Moussa Dadis Camara.
Depuis sa chute, le capitaine Camara (2008-2009) est exilé au Burkina Faso. ll a tenté, en vain, de revenir au pays sous la présidence. Ce dernier a occupé le pouvoir de 2010 jusqu’à son renversement le 5 septembre 2021 par des militaires.
À l’époque, Moussa Dadis Camara a été remplacé par le général Sékouba Konaté, à la tête d’une transition qui a abouti à l’élection d’Alpha Condé en 2010.
Sékouba Konaté avait été interdit de rentrer en Guinée à la suite du coup d’Etat annoncé par le régime de M. Condé en juillet 2011. Plusieurs de ses proches avaient ensuite été arrêtés.
Les deux ex-dirigeants sont « autorisés à visiter la Guinée mais s’ils veulent y rester aussi, à mon avis, il n’y aura pas de problèmes puisqu’ils sont tous les deux citoyens Guinéens« , selon Jean-Baptiste Jocaley Haba, un avocat du capitaine Camara.
Il n’était pas possible immédiatement de savoir, auprès des autorités guinéennes, si cette autorisation de visite était temporaire ou définitive.
« Renforcement de l’unité nationale et d’apaisement »
La junte a, par souci de « renforcement de l’unité nationale et d’apaisement, accueilli favorablement les demandes de visite au pays » de Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté, selon les termes d’un communiqué officiel lu, mardi 30 novembre, à la télévision publique.
Le gouvernement va « examiner au cas par cas les modalités concrètes des visites« , précise le texte. « Cet acte purement humanitaire ne traduit en rien une volonté d’ingérence dans une quelconque procédure judiciaire. »
La ministre guinéenne de la Justice par intérim, Fatoumata Yarie Soumah, a déclaré, vendredi 26 novembre, que le gouvernement se « préparait » à juger les auteurs du massacre au stade de Conakry en 2009, à l’issue d’une visite de la Cour pénale internationale dans le pays.
Le 28 septembre 2009, des militaires avaient massacré au moins 157 personnes et violé 109 femmes dans l’enceinte où étaient rassemblés des milliers d’opposants à la candidature à la présidentielle de Moussa Dadis Camara, alors chef de junte, selon une commission d’enquête de l’ONU.
Le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya, qui s’est fait investir président de transition le 1er octobre, s’est engagé à rendre le pouvoir à des civils après des élections. Il a jusqu’alors toutefois refusé tout délai imparti à la transition.