Afrique du Sud. le féminicide, un fléau national
L’Afrique du Sud a lancé, lundi, une campagne nationale de 16 jours pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des enfants dans le pays où plus de 2.400 femmes sont assassinées chaque année.
La campagne lancée par le Vice-président, Paul Mashatile, dans la municipalité de Rustenburg, dans la province du Nord-Ouest, a débuté par une visite au refuge pour les victimes de violences basées sur le genre (VBG), suivie d’une marche jusqu’à la bibliothèque publique.
Cette année, la campagne a pour thème : «30 ans d’action collective pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des enfants».
«Pour parvenir à un changement significatif, il faut un changement culturel qui remette en question les attitudes et les stéréotypes enracinés sur l’égalité des sexes dans toutes les sphères de la société, tout en dénonçant les normes sociétales qui perpétuent la violence sexiste et le féminicide», a déclaré la Présidence.
En Afrique du Sud, une femme sur trois âgée de 18 ans et plus a été victime de violences physiques et sexuelles au cours de sa vie, selon une étude publiée récemment. Les résultats de la première étude nationale sud-africaine sur la violence basée sur le genre (VBG), réalisée par le Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH), montrent que 35,5 % des femmes sud-africaines (7,8 millions) ont été victimes de violences.
Commentant ces chiffres macabres, Ayanda Kunene, fondatrice et directrice exécutive de l’organisation Xumana Sibambane, a déclaré que la volonté politique, les contraintes de ressources et les priorités concurrentes ralentissent souvent la mise en œuvre de solutions à ce problème sociétal.
«En outre, il existe des barrières sociétales et culturelles, telles que la résistance au changement des normes de longue date concernant le genre et la violence, qui peuvent entraver le changement des politiques», relève-t-elle.
Le Conseil sud-africain de recherche médicale avait souligné que chaque jour, sept femmes sont tuées en Afrique du Sud et que près de six meurtres sur dix sont commis par un mari.
La quatrième enquête du Conseil montre que le taux global de féminicide du pays s’élève désormais à 10,6 pour 100 000 femmes, soit près de cinq fois plus élevé que dans le reste du monde.
Selon l’ONU, le meurtre volontaire d’une femme simplement parce qu’elle est une femme constitue la forme la plus extrême de violence sexiste . Ce phénomène est qualifié de crise en Afrique du Sud depuis près de 20 ans.